Toujours dire que tout va bien

Publié le 26 mai 2011 par Esther Baruchel

C’est très français, même quand les affaires vont mal, on se doit se faire bonne figure et de dire que tout va bien. Au pire, on peut annoncer du bout des lèvres qu’on traverse une période un peu plus calme. Mais l’on s’empresse d’ajouter que l’on n’est pas inquiêt, que c’est tous les ans pareil à la même période, et que l’on a des projets « en cours ». Ca, c’est le discours officiel qu’on tient aux journalistes censés attester de notre bonne santé financière auprès de potentiels clients.   

Lorsqu’on lit la presse professionnelle spécialisée, on voit l’envers du décor, on découvre que tous ces prestigieux acteurs du tourisme, qui vendent des voyages sur mesure, sont en difficulté. A plus ou moins grande échelle, mais ils avouent (au mieux) avoir gelé les recrutements. Ils parlent aussi de « réaménagement du temps de travail et des RTT », de « polyvalence des employés ». Ils avouent à demi-mot n’avoir parfois qu’un seul employé par point de vente, à qui on paye des heures sup, pour éviter les charges sociales qu’un second employé occasionnerait.

Bref, on se rend bien compte que la crise est toujours là, que les Français restent majoritairement en France. Lorsqu’ils voyagent à l’étranger, ils sont nombreux à acheter leurs séjours en dernière minute, sur internet. Pour preuve, 1 français sur 2 n’a pas encore planifié ses vacances d’été, à un mois du départ ! Et pour cause, le Français est devenu opportuniste… Ce qui - petite parenthèse – risque de poser souci cette année, car la méfiance envers les pays du Magreb pousse les clients à réserver majoritairement en Europe du Sud (Espagne, Italie, Portugal). Il y a fort à parier que cette année, les disponibilités seront moins nombreuses et les tarifs de dernière minute moins alléchants. 

En résumé, les acteurs du tourisme souffrent, à de nombreux égards. Le volcan islandais (heureusement moins méchant que celui de l’an passé) a donné des sueurs froides à de nombreux voyagistes, ces derniers jours.  Pour se démarquer, le sur-mesure ne suffit plus, il faut vendre de l’ultra-sur-mesure. Des voyages qui surpassent les envies des clients, pour les surprendre, encore et toujours, et achever de les convaincre que l’on est indispensable.

Toujours dire que tout va bien, donc. Ce qui, Outre-Atlantique, est perçu comme une preuve de courage et d’enrichissement personnel, est très mal vu chez nous. En France, on se drape donc dans sa dignité, on fait le dos rond, et on ne laisse rien transparaître de ses inquiétudes.

Comment je vais ? Et mon entreprise ? Tout va bien