POP ROCK Le grand Gruff Rhys (Super Fury Animals), l'enfant terrible de la pop anglaise, revient avec un troisième album en solo qui ferait presque penser à un assagissement. On le dit cramé, cet HOTEL SHAMPOO est pourtant d'une maîtrise sans faille.
Et avec cet album, il semblerait que l'expérimentation aurait laissé le pas à l' « easy-listening ». Alors oui, il y a des choses enthousiasmantes tout de même. Tel ce fabuleux "Christopher Columbus", très inspiré, déjanté. L'alliage saxophone de l'espace et sonorités électroniques, cette progression subtile, un léger rythme ska en enchantera plus d'un. On retiendra également "Conservation, conversation", simple mais efficace, même si quelque peu répétitif. Réussi encore "Vitamin K", empli de violon et de saxophone, au refrain accrocheur, à la voix ouatée. Et puis, on mentionnera encore un très joli et personnel "At the heart of love".
"Un peu plus d'aventure n'aurait pas été de trop"
Sinon, l'enthousiasme n'est pas à son comble. Des balades douces, oui, faciles à écouter mais oh combien ennuyeuses par instants. Pas de quoi bondir de ses souliers, donc. Les ambiances mexicaines, façon mariachi dont le single "Sensations in the dark", en séduiront peut-être certains. Pas tous…
D'HOTEL SHAMPOO, on aimera la sobriété, la fragilité, son côté à fleur de peau. On aimera la douceur également, les inspirations façon Beatles, Bowie et Beach Boys. On avouera s'égarer par moments, ressentir une sorte d'appréhension à l'idée de presser à nouveau sur « play ». Un peu plus d'aventure n'aurait pas été de trop. Car c'est ce qu'on aim(ait?)e chez Gruff Rhys: son absence de feuille de route. Alors oui, il expérimente autre chose avec HOTEL SHAMPOO, mais peut-on vraiment parler d'expérimentation? On attend de l'album qu'il se révèle et, malheureusement, on attend toujours. Néanmoins, Mr. Rhys aura réussi à nous faire voyager, et c'est déjà plus que beaucoup de disques.
Ecrit par Nevena Puljic - Le 26 mai 2011