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Donjon Potron-minet, T-83 : Sans un Bruit - Christophe Gaultier, Joann Sfar & Lewis Trondheim

Par Belzaran

donjon83.jpgTitre : Donjon Potron-minet, T-83 : Sans un Bruit
Scénaristes : Joann Sfar & Lewis Trondheim
Dessinateur : Christophe Gaultier
Parution : Septembre 2008

Mon avis d’aujourd’hui porte sur un opus de la série « Donjon Potron-minet » intitulé « Sans un bruit ». Edité chez Delcourt, il est composé d’une petite cinquantaine de pages et est vendu au prix de 9,95 euros. Comme depuis le début de la série, le scénario est l’œuvre de Joann Sfar et de Lewis Trondheim. Pour la première fois dans le cycle « Potron-minet », ils n’ont pas confié les dessins à Christophe Blain. En effet, c’est Christophe Gaultier qui s’est chargé de mettre en images les nouvelles aventures nées de l’imagination des deux fondateurs de la série.

Car avant d’entrer plus en avant dans mon analyse de l’album, il faut que je vous présente l’univers de « Donjon » pour ceux qui ne le connaissent pas. « Donjon » est un énorme projet littéraire composé de cinq séries entremêlées. La plus célèbre est « Donjon Zénith ». Elle raconte l’apogée du Donjon. Ses héros principaux sont Herbert et Marvin. Les albums sont numérotés de 1 à 99. « Donjon Potron-minet » retrace la création du Donjon. Elle est centrée autour du personnage de Hyacinthe qui va devenir le maitre du Donjon. La numérotation de la série commence à -99 pour respecter la chronologie. Actuellement, cinq albums sont parus. Ils ne se suivent pas parfaitement. En effet, « Sans un bruit », le thème de mon avis, est le numéro -83. Ensuite, apparaît « Donjon Crépuscule » qui relate la fin du Donjon. La numérotation commence à 101. « Donjon Monsters » raconte une grande aventure d’un personnage secondaire de Donjon. Chaque album peut s’intégrer à n’importe quel moment de la chronologie. Enfin, « Donjon Parade » est une série comprise entre les deux premiers tomes de « Donjon Zénith » et a pour but essentiel de nous présenter des aventures légères de Herbert et Marvin.

Vous l’aurez compris, « Donjon » est un projet d’une ambition rare. Chaque série possède des dessinateurs propres. Le seul fil conducteur reste la présence de Trondheim et Sfar au scénario. L’univers de « Donjon » se veut être une grande fresque de «heroïc-fantasy ». Elle est contée avec un ton décalé. Les personnages sont des animaux. L’éventail est d’une ampleur impressionnante. Suivant les époques ou les albums, l’atmosphère et l’ambiance varient. Il est également marrant de voir naitre et évoluer des personnages dans des albums de « Donjon Potron-minet » qu’on connaît sous un autre jour dans « Donjon Zénith ». Le grand nombre de personnage ajouté à la dimension temporelle des différentes séries font qu’on peut perpétuellement découvrir et comprendre des choses à chaque lecture. Pour ceux qui seraient intéressés de mieux connaître l’univers de « Donjon », je vous conseille le site internet suivant : http://www.bibou.org/donjon/. Il s’agit d’une bible dans le domaine.

Après cette présentation succincte mais à mes yeux indispensables de la série, je vais me plonger de manière plus profonde dans l’album « Sans un bruit ». Pour le placer dans le contexte, il fait à l’album « Sous la pluie » qui marquait l’écroulement de la cité d’Antipolis. Hyacinthe s’est retiré dans la demeure de son père au château de Cavallère. Le temps est au chaos et à la nostalgie de l’ancien temps. Arakou, le père de Hyacinthe, épris de nostalgie décide de partir à l’aventure retrouver ses anciens amis. Les temps sont durs et il ressent le besoin de se rappeler le bon vieux temps. Mais Alexandra, maitresse de son fils et accessoirement assassin de grande qualité, décide de l’escorter. Les voilà donc parti à la quête d’un passé révolu pendant que d’autres se répartissent les ruines encore récente d’Antipolis pour rétablir un nouvel ordre…

Cet album marque une étape importante dans la chronologie de « Donjon ». Il marque la transition entre deux époques. Antipolis vient de tomber. Elle n’est plus qu’un champ de ruine. Le monde ne semble plus qu’être qu’un chaos sans règle et en attente. L’ambiance est plus lourde que dans beaucoup des albums de la saga. On découvre des personnages désabusés. La balade d’Arakou à la recherche de ses amis en est le symbole. Ils rencontrent beaucoup de châteaux effondrés et les rares « chevaliers » sont loin d’être à la hauteur de ses attentes. En parallèle, on découvre les luttes d’influence pour prendre le pouvoir en cette période trouble. Ces différentes dimensions rendent la trame dense et pleine d’informations. Exceptionnellement dans cette série, Hyacinthe est au second plan. Comme s’il était en retraite avant de mieux surgir à nouveau. L’accent est mis entre autre sur Alexandra qui, au fur et à mesure de la parution des tomes, prend une importance de plus en plus grande. Son personnage s’épaissit, devient de plus intéressant. C’est un assassin prête à tout pour l’argent et à arriver à ses fins. Mais elle apparaît de plus en plus « humaine ». Ses sentiments la grandissent à nos yeux plus qu’ils ne l’affaiblissent.

Contrairement à « Donjon Zénith » ou « Donjon Parade », « Donjon Potron-minet » est une série qui montre une nature humaine parfois assez dure. C’est d’ailleurs assez particulier de passer d’une scène de torture ou de violence à une remarque légère qui chatouillera nos zygomatiques. Cette richesse est d’autant plus mise en valeur que le fait que les personnages soient des animaux, que le trait du dessin soit épuré ou que les couleurs soient chatoyantes donnent une dimension joyeuse et infantile à l’objet. Cela me permet d’aborder la qualité des dessins. Comme je l’ai précisé en introduction, Christophe Gaultier dessine son premier album de la saga. Il succède à Blain qui avait jusqu’à maintenant œuvré dans tous les tomes de « Donjon Potron-minet ». Gaultier est un dessinateur que je ne connaissais jusqu’à alors pas du tout. C’est donc avec curiosité que j’ai découvert ses premières pages. Je n’ai pas été déçu. Son style est facile d’accès et s’adapte parfaitement à l’esprit de la série et de la narration. Je ne sais pas s’il sera reconduit dans ses fonctions lors du prochain album. Mais si c’était le cas, j’en serais ravi.

« Sans un bruit » et plus généralement la saga « Donjon » s’adresse à un public large qui possède néanmoins une affection un petit peu particulière pour l’ « heroïc-fantasy ». Il est question de magie, de chevaliers, de combats épiques, de quêtes, de monstres et de créatures pleines d’originalité. De plus, entamer votre immersion dans cet univers par la lecture de l’album dont je vous parle me paraît être une erreur. L’absence de pré-requis risque de vous faire passer à côté d’une grande partie du plaisir que doit vous procurer cette lecture. Pour cela, je vous conseille de commencer votre plongée par les premiers tomes de « Donjon Potron-minet » ou « Donjon Zénith ». les adeptes du genre ne regretteront pas le voyage.

par Eric the Tiger

Note : 14/20


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