Un magnifique chant d'Umar TIMOL.

Par Ananda

TEXTE.

ce sang vient de tous les terroirs, il irrigue la pleine mémoire des lendemains, ces étendues de sable qui attendent de nouer les connivences, ce sang est l’assemblage de toutes ces petites mains qui tissent les verbes qui vagabondent l’innocence, ce sang est ce fleuve nocturne où se déversent toutes les traces de nos traversées, ce sang réunit les songes de plus d’hommes, de femmes et d’enfants qu’on ne peut en espérer, ce sang est si limpide qu’il brasse tous les astres de tous les univers, il est si violent qu’il enchaine les frontières a l’armature des déclins, ce sang est si pur qu’il affaisse le gravat de nos rêves alourdis par la haine, ce sang vient de partout et rien de pourra l’arrêter, ni les conventions du mal, ni les doctrines de la différence, ni les tranchées vétustes de l’or et de l’argent, ce sang fragmente le bleu de tes yeux et le dissipe dans toutes les mers, ce sang façonne avec les dentelles de ta peau des flammes qui consument nos dérisoires, ce sang est si fluide qu’il engorge toutes les terres, il imbibe toutes les sèves, il gonfle les corps, il étend les âmes, il éblouit la lumière, il est là, forcené, impérieux, il danse quand nos corps deviennent cendres, il exulte quand le crépuscule se disloque dans la nuit, il exulte quand nos mains sont soudées et que rien ne parvient à les disloquer, ce sang est baume pour nos cicatrices, il scelle toutes les viscosités de l’histoire, il suggère les ténacités de l’absolu, les forces de l’alliage, ce sang foulera la terre amère, et ce sang assoiffera les mers tumultueuses, ce sang détruira les cloisons qui nous contraignent aux fictions de l’appartenance, ce sang sera la cavalcade de tant de mélanges, de tant d'osmoses, ce sang juxtapose les inflexions de toutes les langues, sais-tu parfois qu'un rien nous sépare de l'abîme, sais-tu qu'il suffirait d'un souffle pour tout détruire, sais-tu qu'il est tant de folie, le sais-tu, sais-tu que l'homme reste à inventer et que ce sang moissonnera toutes les vertus de nos illusions pour en faire un recueil de nos possibles, le sais-tu ?