La candidature de Nicolas Hulot a déclenché une certaine vague de sympathie, mais aussi des ricanements à propos de ses liens commerciaux avec de grands groupes industriels, ou son activité d’animateur télé. On lui reproche également ses ambiguïtés sur le nucléaire. Les politiciens aguerris observent avec une certaine condescendance ce présentateur télé s’aventurer sur leur pré carré. Beaucoup, enfin, s’interrogent sur sa capacité à porter un discours politique global, dépassant la seule posture de porte-parole (aussi compétent soit-il) de la cause environnementale.
Ces supposées faiblesses disqualifient-elles pour autant la candidature Hulot ?
Le parcours de Nicolas Hulot ne manque tout de même pas d’intérêt, tant par ses contradictions que par les évolutions de son positionnement. Photoreporter puis homme de média, il s’est intéressé aux dégradations causées par les activités humaines sur l’environnement. Par la suite, défenseur de la nature mais en même temps animateur hyper-médiatisé sur TF1, promoteur d’une Association Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme mais sponsorisée par EDF, Loréal, Peugeot ou Vinci ; le personnage évolue, les contradictions aussi. Au-delà de la seule défense de l’environnement, Hulot a progressivement structuré un discours global sur les limites et la perte de sens de nos sociétés de consommation. Un discours certes pas révolutionnaire, mais clair et cohérent, et exprimé dans des termes accessibles au plus grand nombre.
Il a fait l’effort de sortir de son rôle, finalement assez confortable, d’animateur télé populaire, pour se lancer dans la bataille politique. Avec son Pacte Ecologique, il a réussi à faire évoluer Nicolas Sarkozy sur les questions environnementales, et à rendre possible le Grenelle de l’Environnement. Quel ministre de l’environnement peut afficher un tel bilan ?
Aujourd’hui, sa démarche de candidat semble être celle d’un homme sincère, qui ne maîtrise pas encore tous les codes de la politique, et se trouve encore largement démuni sur nombre de sujets. Mais il apprend, il avance, tel le citoyen moyen se découvrant une conscience écologique, et envisageant le monde différemment. Comme sur le nucléaire par exemple, sujet sur lequel Nicolas Hulot a expliqué sans détours avoir changé d’avis à la suite de la catastrophe de Fukushima.
Nicolas Hulot ferait-il un bon président de la république ? Le costume est probablement un peu large pour lui, en tout cas sa candidature semble avoir du sens. Au-delà de la fraîcheur bienvenue de son discours, il est intéressant d’entendre ce candidat préconiser la conversion écologique de son pays, c’est-à-dire un cheminement complexe et incertain qu’il a lui-même expérimenté lors de son parcours personnel.