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État espagnol - Malgré les interdictions et les élections, le mouvement continue et s'amplifie

Publié le 26 mai 2011 par Unpeudetao

La force du mouvement de contestation qui secoue l’État espagnol depuis une semaine a contraint le gouvernement à renoncer d’appliquer l’interdiction des
manifestations décidée par la Commission électorale centrale. C’est déjà l’aveu d’un rapport de force. Depuis vendredi soir, la participation aux rassemblements
s’est encore accrue, particulièrement dans les grandes villes en dehors de Madrid. En outre, des milliers de personnes se sont aussi retrouvées pour la
première fois dans les villes de taille moyenne. Partout, les assemblées ont décidé de poursuivre le mouvement d’occupation des espaces publics au delà
de la journée électorale du 22 mai. En ce début de semaine, il est clair que le mouvement entend s’inscrire dans la durée.

L’extension hors des frontières

Londres, Bruxelles, Budapest, Rome, Florence, Bologne, Padoue, Prague, Varsovie, Vienne, Paris, Athènes, Buenos Aires, Jérusalem, Rabat, Tanger, etc. ont
connu des rassemblements vendredi, souvent devant les ambassades ou consulats espagnols. A Lisbonne une manif a rassemblé Espagnols et Portugais. A Paris,
environ 400 personnes, en majorité de jeunes espagnols résidents dans la capitale, se sont retrouvées place de la Bastille où elles se sont rassemblées
de nouveau samedi dans l’après-midi. A Grenoble ils et elles étaient 150. Marseille, Toulouse s’y mettent aussi, et peut-être Montpellier. Au Maroc, les
jeunes espagnols ont reçu le soutien des membres du groupe “Mouvement du 20 février” à l’initiative des manifestations pour le changement dans ce pays.
A Jérusalem, plusieurs dizaines ont défilé aux cris de « Nadie se esperaba, España en la Intifada” [Personne ne s’y attendait, l’Espagne dans l’Intifada”]
et « El pueblo no se calla, sabemos lo que falla » [“Le peuple ne se tait pas, nous savons ce qui ne va pas”]

D’autres rassemblements sont annoncés dont la listes ne cesse de s’allonger : Berlin, Milan, Turin, Athènes, Jérusalem, au Canada, à Washington et New York
ou encore Mexico, Sydney, au Japon, à Amsterdam ou Stockholm. Samedi matin,
un site Internet
recensait plus de 530 lieux de rassemblements dans le monde. Des rassemblements étaient annoncés ou avaient déjà eu lieu un peu partout, sauf en Afrique
(exception faite du Maroc) et une très grande partie de l’Asie (rassemblement de 30 citoyens espagnols à Hanoï !). Dans la très grande majorité des cas,
il s’agit d’étudiants de nationalité espagnole.

Dans l’État espagnol

Vendredi soir, ce sont environ 160 rassemblements qui se sont déroulés dans tout le pays, soit plus du double de la veille : maintenant ce sont des villes
moyennes qui sont touchées. Et la participation à ces rassemblements continue de progresser. A Madrid, la place saturée de monde déborde sur les rues adjacentes.
La police a compté 28 000 personnes tandis la plupart des témoins estiment que le double est plus proche de la réalité. Difficile de savoir en fait car
cette partie centrale de la ville est toujours très fréquentée en soirée, surtout en fin de semaine. A Barcelone, la place de Catalunya a été remplie pour
la première fois depuis le début de la semaine, avec sans doute plus de 20 000 personnes. A Valence, deux établissements bancaires ont été symboliquement
occupés dans la journée et le rassemblement du soir sur “Place du 15 mai” (l’ex-place de la mairie) a regroupé entre 12 et 15 000 personnes environ. Entre
200 et 300 s’y sont installées pour la nuit tandis qu’à Séville, la presse parle de 10 000 participants au rassemblement et 600 campeurs.

Impossible de dresser la liste et encore moins de relater ce qui se passe partout. Ce que l’on peut dire, c’est que la décision d’interdire les réunions
dans la rue a été rendue tout simplement impossible par un formidable mouvement de désobéissance collective qui a vu affluer des dizaines de milliers de
personnes aux quatre coins du pays dès le vendredi soir, une grande partie d’entre elles pour la première fois, et cela même s’il y avait aussi des curieux
parmi elles.

L’interdiction des rassemblements pas appliquée

Si la Commission électorale centrale, l’instance supérieure qui a autorité sur l’ensemble du territoire de l’Etat espagnol, a déclaré l’illégalité et l’interdiction
des rassemblements les 21 (“journée de réflexion”) et 22 mai (jour du vote), l’exécutif n’a pas voulu. Du moins pour l’instant. La décision d’interdire
tous les rassemblements a en effet produit un effet de mobilisation plus important encore, en nombre de rassemblement et en participation à ceux-ci.

Le ministre de l’Intérieur Rubalcaba, qui est aussi le n°2 du gouvernement, a prononcé des phrases ambiguës, disant que la police sait ce qu’elle doit faire,
qu’en agissant pour résoudre un problème, elle ne peut en créer d’autres, et qu’elle interviendra s’il y a des désordres et de la violence. Mais qu’en
l’état actuel des choses, la place est indélogeable, sauf à provoquer des affrontements, des blessés. Propos repris peu ou prou par les principaux syndicats
de policiers qui ont déclaré ne pas souhaiter d’intervention contre les occupants.

De leur côté, le mouvement “Tomalaplaza” [Prends la place] de la Puerta del Sol a rappelé que la protestation devait rester pacifique, que rien de devait
donner prétexte à une intervention policière (notamment ni des gestes violents, ni une trop grande consommation d’alcool) et a appelé à une journée de
“réflexion collective”, mais dans les rues et les places, avec des assemblées, des débats, de la musique, etc.

Village autogéré

Pendant ce temps, l’occupation s’enracine et s’organise. Les bâches sont de plus en plus nombreuses, les tentes aussi. Une dizaine de commissions fonctionnent
(Action, Art, Alimentation, Infrastructure, Coordination interne, Infirmerie, Nettoyage, Communication, Juridique, Information et même “Respect”, etc.)
et certaines comme Extension, ont créé des sous-commissions (court terme / long terme). Une garderie et espace de jeux pour enfants (“Zona Infantil”) ont
été mise en place, ainsi que des sanitaires et toilettes, des poubelles, un deuxième point de restauration-cafétéria, une bibliothèque. Un panneau solaire
a même été installé et fournit de l’électricité. Le nombre de commissions et sous-commission ne cesse de croître pour répondre aux nouveaux besoins qui
se font jour. Un plan du village réactualisé fréquemment est disponible pour s’y retrouver.

Des ateliers sont également mis en place : clown, performance, éducation écologique, massages, décroissance, journalisme, etc. Ainsi qu’un potager biologique
et symbolique.

Samedi après-midi, il y avait de la musique (concert), un « paseo de reflexión » (une marche silencieuse) de la Puerta del Sol jusqu’au siège de la Banque
d’Espagne. Plusieurs batukadas parties de trois endroits distincts ont convergé vers la “Place de la Solution”. Pendant ces deux jours, plusieurs centaines
de personnes se sont réunies sur d’autres places, proches de la Puerta del Sol, et ont discuté à la fois de l’organisation de l’occupation et du campement
et de la partie « programmatique » de ce mouvement qui prétend à une transformation du système politique et de la politique elle-même en matière économique,
sociale, énergétique, éducative, etc.

Un programme politique ?

Les contenus de cette nouvelle orientation politique revendiquée sont peu ou prou les mêmes que ceux que l’on retrouve depuis quelques années dans diverses
mouvances “antiglobalisation” de la gauche alternative et écologique, genre ATTAC, auxquels s’ajoutent des éléments nouveaux liés à la crise de 2007-2008
et aux mesures économiques prises par le gouvernement depuis deux ans (retraites, salaires, santé, transports gratuits pour les chômeurs, droit au logement,
possibilités de limiter et “liquider” les dettes des particuliers comme cela se fait pour les entreprises…). Pour la partie institutionnelle, est demandée
une réforme de la loi électorale (pas de financement privé des partis, pas de personnes poursuivies sur les listes, listes ouvertes et système de représentation
proportionnel…). Le reste, est un catalogue assez intemporel, depuis la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire), la fermeture des
centrales nucléaires, la réduction des dépenses militaires, « une vraie régulation des conditions de travail » surveillée par l’État, la taxation des transactions
financières, etc. Rien de bien nouveau qui ne soit déjà connu en somme.

A la vue de ces propositions, la question qui se pose immédiatement, c’est celle de la politique elle-même, c’est-à-dire le type de relation, jamais établie
ou même interrogée, entre d’un côté une liste de revendications (qui certainement ne fera que s’allonger dans les jours qui viennent si l’on souhaite parler
de tout et n’oublier personne) et de l’autre les moyens de lutte à discuter et à décider pour tenter de les conquérir. D’un côté un « cadre » politique
est en train d’être construit par quelques centaines de personnes réunies, même de manière très horizontale et démocratique et, de l’autre, il y a des
appels à constituer des assemblées de quartier ou de communes qui sont censés être les lieux de l’élaboration politique.

Comment s’articulent ces différents niveaux ? Et même, une fois que le programme sera ficelé, si toutefois c’est possible en respectant l’hétérogénéité
d’un mouvement politico-social aussi atypique, qu’en fait-on ? Trop tôt pour répondre évidemment. Mais pas trop tard pour signaler dès maintenant que,
sous prétexte d’être “positif”, de ne pas se contenter de critiquer ou de dénoncer, il y a déjà une ligne générale assez précise et identifiable qui s’élabore
et qui correspond à une certaine orientation politique préalablement définie.

Il est notable en effet que sur chaque point, chaque thème – et même sur tous – ne soient pas présentée une gamme de positions possibles entre lesquelles
il serait possible de débattre : sur n’importe quel sujet, qu’il s’agisse de démocratie, de logement décent, de « relations de travail », de santé ou d’éducation,
etc., il n’est pas vrai qu’il existe une position unique à chaque fois mais au moins plusieurs. Car choisir et débattre, c’est au préalable pouvoir le
faire entre plusieurs propositions exprimées. S’il s’agit de créer un mouvement nouveau et ouvert, pourquoi s’empresser de verrouiller tous les contenus
? S’il s’agit de changer de système, et pas seulement les politiciens comme cela a été dit et répété, pourquoi conserver le cadre institutionnel de la
Constitution espagnole (et se contenter d’une demande de référendum sur la maintien de la monarchie), pourquoi maintenir un système qui reconduit l’existence
d’une classe politique séparée et par définition incontrôlable, pourquoi se contenter de vouloir surveiller ou contrôler les « marchés financiers » et
ne rien dire sur les rapports d’exploitation dans le travail, dans la relation salariée, comment aborder les questions énergétiques sans interroger les
modes de production (et de consommation), etc. Certains n’hésitent pas à parler déjà de « processus constituant ». C’est vraiment aller très vite en besogne.
Ou alors vouloir se satisfaire de bien peu de choses.

Comme toujours, il y a un rapport de cohérence entre les contenus proposés et les manières (les formes) dont elles sont issues. Il n’est qu’à voir comment
se sont mises en place les commissions de travail et à quel type de division du travail on aboutit. Á la Puerta del Sol, celle qui s’appelle Extension
(du mouvement) est d’une certaine manière une des plus “politique” puisqu’elle est celle qui réfléchit au devenir de ce mouvement, à court et long terme,
et émet des propositions. Il est curieux qu’elle soit au même niveau que les autres (Nettoyage, Infirmerie…), qu’il n’y en ait qu’une et pas dix ou vingt,
ou bien qu’à chacune des commissions plus “technique” (elles ont toutes bien évidemment une dimension politique) ne soit pas associé un volet ou moment
politique de réflexion et d’élaboration sur le devenir du mouvement. Malgré de louables formes apparentes de l’horizontalité (pas de hiérarchie a priori,
parole tournante, on se parle et on s’écoute…), sont insidieusement reproduites des divisions entre tâches d’exécution et d’élaboration, qui sont quand
même une des manières par lesquelles ce système fonctionne à tous les niveaux : partis, institutions et formes de la représentation politique, structures
de l’organisation sociale, du travail, de la production marchande, du pouvoir techno-scientifique, etc.

Mais peut-être qu’après tout le mal-être, la révolte et le ras-le-bol qui s’expriment dans les rassemblements et les campements permanents ne tiennent pas
dans un programme politique, ne s’y réfèrent qu’implicitement, par défaut d’autre chose et de manière lointaine, que les formes de multiplicité et le caractère
hétérogène de ce mouvement ne sont pas synthétisables dans une série de réformes, même si celles-ci se révèlent par ailleurs impossible à mettre en œuvre
dans la situation actuelle malgré leur aspect acceptable et consensuel.

Le 23 mai, ça continue

Mais peut-être aussi que les enjeux du moment se situent ailleurs, notamment dans le type de conflictualité que ce mouvement de protestation a déjà introduit
avec le pouvoir politique et sur ce qui va se passer dans les jours qui viennent, tant en terme de dynamique interne, de capacité expansive vis-à-vis de
la société notamment par l’incorporation de nouvelles figures sociales, que dans les moments les plus “centraux” ou plus généraux de l’antagonisme avec
l’État en particulier sur la question cruciale de l’occupation permanente des places.

Sur le fonctionnement général, quelques voix commencent à se faire entendre sur la manière dont sont gérées et organisées les assemblées, la distribution
de la parole, l’élaboration des propositions, la présence et le rôle de militants chevronnés de groupes politiques face au citoyen lamba qui s’adresse
à une foule pour la première fois, etc. Sur Madrid, la proposition de « programme politique » en 16 points tel qu’elle a été élaborée et rendue publique
fait grincer bien des dents et même plus que ça depuis dimanche. Apparemment, selon les villes, les situations sont contrastées. Comme dans tous les mouvements,
il y a toujours un fonctionnement à deux niveaux. Les noyaux les plus actifs et le reste : ceux et celles qui prennent en charge l’organisation du mouvement
et la grande masse qui participe et vit la situation de manière plus passive. A la Puerta del Sol, ceux et celles qui participent aux commissions et autres
sous-commissions étaient un peu moins d’un millier samedi et dimanche, sur 30 à 40 000 personnes réunies. Mais, ce qui est intéressant et notable, c’est
que, pour le moment, le nombre de ces personnes qui s’impliquent dans les groupes de travail et les commissions croît proportionnellement à la participation
générale aux rassemblements et les quatre ou cinq commissions du début sont maintenant une quinzaine… et il s’en crée de nouvelles avec de nouvelles
personnes tous les jours

Pour la suite, la tendance générale est de vouloir continuer le mouvement après le 23 mai. Maintien des occupations mais avec des échéances, d’ailleurs
distinctes à Madrid et Barcelone, pour ne prendre que ces deux grandes villes. Sur Madrid, un appel a été lancé d’organiser des assemblées populaires sur
les places de chaque quartier ou commune de la Communauté autonome le samedi 28 mai. Cette proposition est faite aussi pour le reste du pays. Il s’agit
de créer des « espaces locaux de propositions, de coexistence et de réflexion ». Ces assemblées locales sont appelées à se réunir le lendemain, dimanche
29 mai, sur la Puerta del Sol, pour une grande assemblée générale, en espérant que celle-ci sera la plus représentative possible (puisqu’il s’agit de réunir
rien de moins que « l’Assemblée du Peuple de Madrid » !).

L’assemblée de Barcelone quant à elle a décidé de maintenir le campement au moins jusqu’au 15 juin, jour où est appelée une grande manifestation – déjà
prévue par un certain nombre de collectifs – en direction du parlement régional contre les coupes budgétaires prises par le gouvernement (droite nationaliste
de CiU) sous le prétexte de juguler la crise de la dette. En parallèle, dans certains quartiers de la ville (Sants, Gracia, Nous Barris) des assemblées
locales se sont réunies à la suite de plusieurs rassemblements et concerts de casseroles. Des assemblées de quartiers sont programmées tout au long de
la semaine.

Le maintien des occupations n’a de sens que s’il permet d’approfondir et d’enraciner plus encore ce mouvement, d’en faire le point de ralliement et le moyen
de renforcer tous les conflits sociaux en cours et éparpillés, comme c’est déjà le cas dans certaines villes (Barcelone, Saragosse) où des secteurs en
lutte sont venu exposer les raisons de leur combat. Mouvement pour lui-même visant son auto-expansion ou espace de mobilisation, de confluence, forum,
pour l’ensemble des luttes ? Ou tout ça en même temps et aussi autre chose à venir.

La désobéissance collective de masse de ces derniers jours a été la réponse appropriée aux tentatives de museler un mouvement de protestation en train de
naître. Un seule exception : à Alcoy, petite ville de la région d’Alicante, où les policiers ont sommé les manifestants de se disperser et de ne pas faire
des regroupements de plus de 20 personnes, faute de quoi, chacune serait passible d’amendes pouvant aller jusqu’à 6000 euros.

Mais l’État peut-il supporter encore longtemps le désordre que signifie cette désobéissance collective ? On sait depuis Hobbes que l’État s’est institué
– et se légitime – sur un « devoir d’obéissance » envers cette entité abstraite se présentant comme l’instance séparée, représentative et unificatrice
des significations et de la volonté de la totalité sociale, du peuple, et qu’il se doit sans cesse d’en assurer le monopole exclusif.

Plein de cartes sont dans les mains du gouvernement. La répression, le pourrissement, ou encore la multiplication des restrictions et conditions draconiennes
imposées à l’exercice du droit de manifester visant à domestiquer ce mouvement et à le vider de sa capacité ou dimension subversive au profit d’un retour
à des formes plus traditionnelles d’expression et de canalisation de la révolte.

De son côté, ce mouvement de contestation, assurément “réformiste” dans son expression majoritaire, mais qui ne tient manifestement pas dans les cadres
du réformisme institutionnel existant (le bipartisme, la relation syndicats-patronat, les politiques antisociales des socialistes, sans parler de la droite…),
et qui donc le fissure et le déborde, peut-il se maintenir sans se développer, s’élargir encore et se consolider, et peut-il le faire de lui-même, c’est-à-dire
sans un minimum de conflictualité avec les institutions ?
Et en retour, cette conflictualité ne contient-elle pas la possibilité d’un double mouvement de radicalisation progressive de la protestation autour d’un
mot d’ordre du type « Que se vayan todos » (et l’ouverture des horizons que cela suppose) et d’approfondissement / extension des processus d’auto-organisation
en cours ?
De la protestation à la rébellion ? Qui sait ?
A suivre…

Le 23 mai (à la mi-journée)

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 OCL, Organisation Communiste Libertaire :

http://oclibertaire.free.fr/


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