Acrimed n’est pas un site d’information ou de contre-information généraliste, mais d’information et de contre-information sur les médias, les journalismes et l’information elle-même. Pourtant – une fois n’est pas coutume –, il suffit, pour prendre la mesure de la vacuité de l’information entre le 15 et le 21 mai sur les mobilisations en Espagne, d’effectuer une rapide « revue des médias » et de lui opposer ce que l’on y trouve pas : les plateformes des manifestants.
Ce court article n’a pas vocation à analyser de manière exhaustive le traitement médiatique des mobilisations en Espagne. D’autres articles suivront…
I. Brève « revue des médias »
Quand « l’affaire DSK » occupe les temps d’antenne et dévore les surfaces imprimées…
De glorieux journaux télévisés
Il leur en a fallu du temps pour se rendre compte qu’il se passait « quelque chose » en Espagne !
Prenez TF1, par exemple. Entre le 15 et le 20 mai : pas un sujet, pas un mot… Il a fallu attendre le 21 mai pour que la rédaction de TF1, enfin informée, informe à son tour : à 13 heures, on apprend ainsi de la bouche de Claire Chazal que « depuis plusieurs jours maintenant, les Espagnols sont dans la rue pour manifester contre le chômage et les mesures d’austérité […] ». Et le reportage qui suit de nous informer que la manifestation de la veille avait permis de « dénoncer de plus belle la mainmise des grands partis politiques, la corruption et, surtout, l’injustice sociale ». A 20 heures ? Claire Chazal : «
La population manifeste depuis quelques jours contre l’austérité le chômage. » Seulement ? Le reportage qui suit donne à entendre fugitivement d’autres cibles des manifestants. Et c’est tout ? C’est tout.
Le JT de France 2 s’est montré moins lent à la détente puisque, le 18 mai à 20 heures, David Pujadas annonçait en titre : « L’Espagne est-elle au bord de la révolte ? […] » Seulement « au bord »… Le moment venu, environ 17 min après le début du journal on apprend, de la bouche du même Pujadas que des « milliers de jeunes […] se retrouvent tous les soirs dans les grandes villes pour protester contre l’austérité, un peu à la manière des révolutions arabes, via Twitter ou Internet, hors de tout contrôle ou tout mot d’ordre des partis politiques. » Mais encore ? « L’Espagne qui s’impose – vous le savez – une cure d’austérité drastique pour maîtriser ses déficits et sa dette, on voit même apparaître ceux qu’on appelle les cartoneros, ces vendeurs à la sauvette ». Et de diffuser un reportage (sorti d’un stock ?), intéressant au demeurant, sur les cartoneros. Mais de la mobilisation elle-même, de ses modalités, de son contenu, de ses revendications, de son sens, on ne saura rien de plus que ce que Pujadas a annoncé.
Et lors des JT de 20 heures des 19 et 20 mai : rien. Et lorsque, les jours suivants, les mobilisations en Espagne seront à nouveau effleurées, on ne saura toujours rien d’autre sur leurs motifs et leurs aspirations, à part qu’elles sont liées au chômage et à l’austérité. Certes. Mais encore ?
De profonds quotidiens, de magnifiques sites Web
Et dans la presse écrite ? Dans les « grands quotidiens nationaux ? » Rien ou pas grand-chose. Sauf omission de notre part, deux articles dans Libération.
Le premier, le 19 mai – « Les “indignés” prennent la Puerta del Sol » ; le second, le 21 mai – « L’Espagne entre vote et révolte ». A noter, ce même jour : treize articles (de toutes tailles) sur « l’affaire DSK », ses à-côtés, ses conséquences…
Mais que veulent donc ces manifestants ? Quelles sont leurs aspirations ? Quels sont leurs objectifs ? Ce n’est pas – ce n’était pas – en lisant la presse imprimée qu’on peut l’apprendre. Ce qui n’empêche pas Lemonde.fr (et peut être Le Monde papier, mais nous n’avons pas retrouvé la trace) d’écrire, en recyclant une dépêche de l’AFP, le 18 mai : « les manifestants portent des revendications très disparates, parfois confuses ».
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