Les ténèbres sont couvertes de neige
Des congères de nuit forment des pièges
Et un froid brulant caresse nos paupières
Dans le lit de la rivière ne restent que des pierres
Et à l'endroit même où naissait l'eau hier
Ne subsistent que des flaques de poussière
Nos chairs, nos biles remplissent les fossés
Que nous avons lentement laisser s' assécher
L'effluve des fleuves a des relents de poissons morts
Seul se réjouit l'étonnant chercheur de disques d'or
La mer est devenue un terrain sans vague
Couvert de méduses et de vénéneuses algues
Dans la fulgurance d'un battement de cil
Je me penche attendant la larme utile
Qui rendrait le sol lunaire enfin fertile
Pourquoi avoir brulé tous les papiers
Et me laisser devenir un étranger
Pourquoi avoir laisser se dérouler
Sans l'arrêter le fil fragile des années
Pourquoi avoir laisser pourrir
Le fruit sucré de notre désir
Pourquoi avoir laissé les rats de marée
Remonter le canal de tes yeux mouillés
Dans l épilogue de nos épidermes
Quand un à un nos pores se referment
Y aura t'il encore une source à éponger
Pour découvrir l'ultime vérité?
Assis sur cette plage imberbe
Nous regardons passer les ténèbres