On ne présente plus Warren Haynes mais comme nous ne sommes pas sur un site spécialisé, toi ami lecteur tu ne connais peut-être pas ce grand guitariste et chanteur américain né en 1960. Parmi ses nombreux titres de gloire, je dirais qu’il joue avec le Allman Brothers Band depuis 1989 où il rencontrera le bassiste Allen Woody ce qui lui permettra de créer en parallèle son propre putain de bon groupe en 1995, Gov’t Mule avec l’aide de Matt Abts à la batterie.
Le disque qui vient de sortir, Man In Motion, est son album solo. Le chevelu s’est entouré d’une fine équipe de talentueux musiciens comme on l’imagine, George Porter Jr à la basse (il jouait avec les Meters), Ivan Neville aux claviers et Raymond Weber à la batterie (tous deux font partie des Neville’s Brothers ), Ian McLagan au piano (ex-Faces), Ruthie Foster aux chœurs et Ron Holloway au saxophone ( il a soufflé avec Dizzy Gillepsie entre autres). Equipe réduite mais largement suffisante.
Si Warren Haynes est un guitariste reconnu, il est aussi un bon chanteur et sur ce CD cette facette de son talent prend toute son ampleur, lui-même avouant avoir été chanteur avant d’être guitariste « A cette époque je n’écoutais que de la soul music, James Brown, Otis Redding, Temptations, Four Tops, et c’est avec eux que j’ai appris à chanter. » Tous les titres ont été écrits par Warren Haynes, certains attendaient leur heure dans ses cartons, d’autres sortent tout chauds de ses dix doigts, mais tous baignent dans un jus d’origine soul à la Stax ou bluesy.
Récemment Greg Allman (nous restons dans la famille) a publié un album passionnant, Low Country Blues, qui n’est pas très éloigné de ce Man In Motion du moins sur certains titres comme Save Me. Les solos de guitares ne giclent pas dans tous les sens, pas de tempos speedés, au contraire Warren Haynes la joue fine et subtile, variant les sons de guitares, rappelant à notre bon souvenir la pédale wah-wah (Man In Motion titre ouvrant le disque) et surtout il s’applique particulièrement sur ses parties chantées, grosse voix chaude pleine de groove qui rappelle parfois Stevie Winwood (Sick Of My Shadow).
Les musiciens derrière assurent parfaitement, construisant une assise moelleuse sur laquelle les guitares tissent de merveilleuses arabesques, mais il faut distinguer le saxophone chaleureux de Ron Holloway bien présent tout au long de cet album et qui lui donne un singulier cachet. Que la musique est belle quand elle est si bien jouée, sans fioriture aucune, juste le talent.
Extrait de l’album, Rivers Gonna Rise en version live