Je me rappelle, il était rouge. C'était en février. Elle me l'avait passé autour du bras et m'avait demandé de faire trois voeux, à chaque voeu elle faisait un noeud. Ce cadeau était très certainement folklorique pour elle, mais j'avais besoin d'y croire. Alors j'ai tenu ma promesse de ne jamais le couper et d'attendre qu'il tombe tout seul, pour voir mes voeux se réaliser.
Demoiselle d'honneur à un mariage quelques mois plus tard, j'ai bataillé ferme avec la mariée qui voulait absolument que je l'enlève, il était trop vulgaire avec ma robe de soirée et moche. Mais son mariage pantomime ne durait qu'un jour et moi, je jouais peut-être ma vie avec ce petit ruban. Alors j'ai résisté et j'ai même réussi à le mettre en valeur sur les photos du mariage (hop, je remets une mèche, hop je tends le miroir à la mariée, gnark, gnark...)
Au mois de novembre, le petit ruban rouge a cédé d'un coup et s'est cassé. Tout seul. Je me souviens encore de ce sentiment qui m'a envahie : l'impression d'avoir perdu quelque chose mêlée, paradoxalement, à de l'espoir, comme si je tournais une page de ma vie pour en écrire une nouvelle.
Au mois de décembre, mon premier voeu s'est réalisé... ce n'était pas du tout comme dans mon rêve, mais c'était bien là, j'avais souhaité quelque chose et ce quelque chose est arrivé, doucement, sûrement. Puis le deuxième et le troisième voeu, dans le temps, sans se presser.
Je n'ai plus jamais porté d'autre bracelet porte-bonheur, peut-être à cause de ce sentiment d'avoir déjà été comblée et de laisser la place aux autres. Mais j'aime en avoir quelques uns chez moi, j'aime sentir cette bienveillance qui me protège... ou pas!
C'est le défi du jeudi chez Lucky Sophie et Eureka!