L’an dernier, c’est par ce biais qua j’avais découvert, dans la roue de la Croisette, Ha Ha Ha, The Silent House, Simon Werner a Disparu, Bedevilled (sortie en France directement en DVD sous le titre Blood Island), et l’inédit Two Gates of Sleep. Si l’an passé les films de la Quinzaine des Réalisateurs étaient très alléchants, Un Certain Regard et La Semaine de la Critique prennent le dessus en 2011. Malheureusement, l’agenda très serré, le temps d’un week-end seulement, de la reprise de la Semaine de la Critique va m’empêcher d’y assister alors que le Grand Prix de cette section, Take Shelter, est un des films que j’attends le plus cette année.
Sean Durkin choisit donc une structure narrative troublante, entrecoupant passé et présent avec une fluidité qui confine parfois à l’exercice de style. Mais ce travail formel n’est là que pour souligner une atmosphère étrangement angoissante, prenant le récit - et du même coup le spectateur - à la gorge. Posé entre la campagne new-yorkaise (la secte est située dans une ferme de l’État) et une villa en bord de lac du Connecticut, la caméra de Durkin, rarement à l’arrêt, cherchant toujours le mouvement, glisse avec un soin faisant rapidement naître la tension. C’est son cadre, cette terre, cette forêt, ce lac, qui inscrivent un climat naturaliste accentuant les sensations. C’est le regard d’Elizabeth Olsen, une jeune comédienne à la fois fragile, belle et inquiétante. C’est la confrontation entre ces deux mondes, celui tellement matériel de la sœur et de son époux dans leur grande villa face à celui épuré et anachronique de la ferme sectaire.