Pas de doute, le Soleil est un astre à part. Qui plus est, cyclothymique…
Les astronomes amateurs, aujourd’hui bien équipés pour suivre son activité, n’ont pas manqué d’observer ses éruptions spectaculaires au début du mois de mai, lesquelles ont suivi celles enregistrées à la mi-février par les observatoires solaires et les satellites spécialisés. Les images, diffusées sur notre site internet, montrent des flammes longues et véloces, s’agitant comme un nid de serpents, qui éjectent dans l’espace, par bouffées, un plasma de particules. Des bourrasques violentes et colossales qui signent, à coup sûr, le réveil d’un Soleil que l’on croyait “en panne”.
Pour son 24e cycle suivi depuis 1745, notre étoile semble avoir deux ans de retard. Deux ans de calme inquiétant qui soulignent l’anomalie de la situation actuelle : des éruptions rares, mais extrêmement violentes rompant une sieste prolongée…
Et comme nous avons voulu en savoir davantage, pour réaliser notre dossier de juin, nous avons interrogé les spécialistes sur les causes de cette situation. Ce qu’il en ressort est fort instructif : “C’est du même ordre de difficulté que prévoir la météo”, résume brutalement Sacha Brun, astrophysicien au CEA. Laquelle météo, en France métropolitaine, enregistrait presque au même moment le deuxième mois d’avril le plus chaud depuis 1900 (avec une température moyenne supérieure à 4 °C à la moyenne de référence) et une durée d’ensoleillement remarquable, une fois et demi supérieure à la normale.
La tentation est grande de lier les deux situations… Ce qui serait, évidemment, une erreur, même si l’intensité de l’activité solaire contribue pour une très faible partie (de l’ordre de 0,1 °C) à faire varier la température globale de la planète.
Car l’étude du climat comme celle des mouvements convectifs et magnétiques de notre Soleil ont un point commun bien différent de ce qu’inspire le “bon sens” populaire : le nombre de paramètres à prendre en compte pour expliquer ce que nous observons ; la complexité des rétroactions à retenir pour réaliser un modèle prédictif. Quel Soleil fera-t-il demain ? Voilà la question à résoudre.
Aujourd’hui, et pour la première fois, à l’aide des nouveaux super-ordinateurs les plus puissants de France et d’Europe, un modèle en trois dimensions, incluant le champ magnétique et la turbulence, simule 90 % du volume du Soleil. Du cœur nucléaire jusqu’à la surface. Et même s’il est considéré comme un astre à part, force est de reconnaître qu’il n’est plus seul. De nombreuses étoiles présentent des cycles analogues et les progrès spectaculaires de l’astérosismologie spatiale, qui observe les vibrations d’autres étoiles, dévoilent maintenant ce qui se passe sous la surface des enveloppes gazeuses, tout au long de leur évolution !
La “seule étoile qu’on ne voit pas la nuit” n’a pas encore livré tous ses secrets. Mais elle cache de moins en moins bien les ressorts de sa puissance. Pour la civilisation solaire qui vit à proximité, prévoir ses hoquets et ses sautes d’humeur compte.
Autant pour savoir s’en protéger qu’en apprécier la magnificence.
Alain Cirou
Directeur de la rédaction
LES FLAMMES DU SOLEIL
Un sursaut brutal, des tempêtes, notre étoiles vient de se réveiller, quelles conséquences pour la Terre ?
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