Comme en Espagne, en Belgique, au Portugal ou en Italie, l'une des maximes de la France pourrait être "étudier d'abord, travailler ensuite". C'est l'un des constats que dresse le Centre d'analyse stratégique (CAS), qui publie une étude sur l'emploi et le chômage des jeunes. La baisse du nombre des jeunes actifs français de 2,1 millions en trente ans est liée à la démographie, mais aussi à l'allongement constant de la durée des études.
Pour le CAS, "les mesures prises par les pouvoirs publics s'ordonnent en quelques catégories relativement stables", dont l'alternance, des contrats aidés destinés à des publics précis ou encore une réduction du coût du travail. Parmi ces dispositifs, plusieurs pourraient être améliorés pour mieux remplir leurs objectifs.
Des solutions pour les jeunes "décrocheurs"Comment restreindre le nombre des jeunes qui quittent le système éducatif sans diplômes ni qualifications ? C'est l'un des principaux enjeux des politiques en faveur de l'emploi des jeunes. L'Education nationale estime à 180 000 le nombre des "décrocheurs". Moins de la moitié des stages destinés à les rapprocher de l'emploi "déboucheraient pourtant sur une certification et très peu sur la reprise d'études".
Pour y remédier, le CAS préconise plutôt de développer l'apprentissage pour éviter les sorties de route. Il invite aussi à poursuivre les "écoles de la deuxième chance", les contrats d'insertion dans la vie sociale ou les contrats d'autonomie. Tous ces systèmes permettent aux jeunes de poursuivre volontairement leurs études hors des parcours classiques, tout en évitant un relèvement de l'âge de la scolarité obligatoire, jugé "inadapté" au cas français.
L'alternance à tous les niveaux...Fin 2010, près de 600 000 jeunes suivaient des formations en alternance : 173 000 en contrats de professionnalisation et 414 000 en apprentissage. Dans son nouveau plan pour l'emploi, le gouvernement table sur un objectif de 800 000 alternants en 2015. Mais cet objectif "pourrait se heurter au manque de capacités d'accueil à la fois dans les entreprises et dans les centres de formation", prévient le Centre d'analyse stratégique. Les auteurs de l'étude estiment que la multiplication des contrats d'alternance doit aller de pair avec un renforcement du tutorat, ainsi qu'une meilleure prise en charge du logement, des transports ou de la restauration des apprentis. Un moyen de coupler emploi et amélioration des conditions de vie. C'est dans le secondaire, aux niveaux CAP et bac pro, que l'alternance permettrait le plus de réduire le nombre des jeunes sans diplômes.
...y compris dans les associations ou le secteur publicDans le secteur non-marchand aussi, l'alternance pourrait trouver sa place. 81 000 contrats d'accompagnement dans l'emploi sont pour l'instant accordés à des jeunes dans les associations, les collectivités ou les établissements publics. Mais ils "conduisent moins souvent à l'emploi ordinaire que les contrats aidés du secteur marchand", et ce notamment pour cause "d'effet stigmatisant sur le marché du travail". Les transformer en contrats de professionnalisation permettrait, selon le CAS, d'assurer en parallèle une formation diplômante aux candidats, qui constitueraient ensuite un vivier pour la fonction publique et même le secteur marchand, où leurs qualifications seraient mieux valorisées.
Une meilleure utilisation des contrats aidésDans le secteur marchand, les contrats uniques d'insertion ou contrats uniques emploi permettent, "à titre temporaire" de réduire le coût du travail pour encourager les embauches des jeunes en difficultés. Ils provoquent aussi, selon le CAS, des effets d'aubaines importants et le "développement d'emplois de faible qualité". "Ces critiques plaident pour utiliser surtout ces contrats dans les périodes de mauvaise conjoncture, qui frappent en priorité les jeunes et en particulier les moins qualifiés", estime le CAS.