Le Cri du Contribuable : M. le député-maire, l’accroissement des dépenses locales est de 6,8% par an depuis 25 ans. Selon vous, pourquoi une telle explosion de ces dépenses (et donc des impôts)?
Didier Quentin : Il me semble que cela est dû essentiellement à deux phénomènes. Le premier résulte de l’accroissement des emplois publics qui n’a cessé d’augmenter jusqu’à la fin des années 90, même si aujourd’hui on assiste à une meilleure maîtrise des dépenses, en particulier de fonctionnement. Comme maire de Royan et avec mon équipe, nous nous efforçons de respecter au mieux ces équilibres, tout en rendant le meilleur service public possible aux administrés.
Le deuxième c’est aussi l’empilement des compétences entre les différents niveaux de collectivités qui, au fil des années, a participé à accroître les dépenses tant de fonctionnement que d’invesstissement. Il a été notamment créé les établissements publics de coopération intercommunale (CU, CDA ou CDC) qui doivent concourir à mutualiser les moyens et, par conséquent, concentrer les investissements.
Le Cri : la réforme des conseillers territoriaux est-elle une réelle source d’économies ?
D.Q. : C’est clairement l’un des objectifs. Il s’agit, en effet, de définir des blocs de compétences entre départements et régions, pour mieux cibler les efforts qui seront portés par telles ou telles collectivités. On peut ainsi espérer que l’on évitera des doublons et que les moyens seront ainsi concentrés sur des projets prioritaires, en matière d’aménagement et d’attractivité d’un territoire. Je rappelle que les conseillers territoriaux siègeront à la fois à l’échelon départemental et régional, à partir de 2014. Le département conservera sa spécificité de proximité, avec en particulier le volet social. Quant à la région, elle devrait voir son action renforcée, en matière d’infrastructures et de développement économique.
Le Cri : comment encourager les collectivités économes ?
D.Q. : Il serait opportun que l’Etat souligne mieux leur action par une communication plus formelle, en direction de la population, notamment après le rapport rendu par la Chambre régionale des Comptes qui peut évaluer les efforts réalisés par une collectivité pour maîtriser la dépense publique. Il pourrait y avoir un système de bonus, notamment par le biais des dotations pour celles qui s’engagent dans cette voie vertueuse, même si je ne méconnais pas les contraintes actuelles qui pèsent sur nos finances publiques.
Le Cri : quelle est votre politique de lutte contre les dépenses indues, à la Ville et à la communauté d’agglomération de Royan ?
D.Q. : Depuis toujours, je me suis astreint à limiter toute dépense superflue. Avec mon adjoint aux finances, Didier Simonnet, nous avons demandé à tous de réduire les frais de représentation et nous avons limité les frais de réception au strict minimum.
Pour ce qui est des dépenses de fonctionnement, nous avons mis en place une politique prévisionnelle des effectifs, de façon à mieux faire face au pic saisonnier qui caractérise une station balnéaire comme Royan, tout en nous efforçant d’éviter une explosion de notre masse salariale.
S’agissant de la partie investissements, nous avons établi un programme pluri-annuel, nous permettant d’améliorer ainsi par un effort financier progressif la qualité de nos infrastructures, comme, par exemple, les travaux par tranches du Bld Garnier le long de la grande plage, tout en privilégiant le cadre de vie des Royannaises et des Royannais.
Le Cri : 78% des Français sont favorables à ce que toute hausse supérieure à 5% du montant d’un impôt local fasse l’objet d’une consultation de la population par référendum (notre sondage Ifop /Observatoire de la fiscalité)? Partagez-vous leur attente ?
D.Q. : Cela part d’un bon sentiment, mais je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de monde pour voter une hausse de la fiscalité locale. Cela pourrait même conduire au blocage du fonctionnement des collectivités. Je rappelle que les collectivités sont régies par le principe de la libre administration. Il convient donc que les débats se déroulent en séance plénière du Conseil municipal lesquelles séances sont publiques. En revanche, je ne suis absolument pas opposé à ce que nos concitoyens puissent s’exprimer par la voie du référendum sur des projets d’aménagements qui auront nécessairement un impact financier sur la durée.
Le point le plus important aujourd’hui, et que je m’efforce de réaliser à Royan, est de ne plus augmenter les taux des impôts locaux depuis 2010 jusqu’en 2014, sauf catastrophe naturelle ou économique. Parallèlement, la ville doit se désendetter. Nous avons commencé à le faire, mais le stock de dettes laissé par mon prédécesseur est diificile à faire fondre!
Il me semble que les impôts locaux doivent marquer une pause dans leur évolution à la hausse depuis 20 ans et la maîtrise de la dette est aussi le gage de ne pas laisser à nos enfants des dettes trop élevées et des augmentations d’impôt pour les résorber. L’emprunt du jour est l’impôt de demain.
Propos recueillis par Jean-Baptiste Leon, directeur de l’Observatoire des subventions.
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