Bar Karma: Saison 1
L'histoire de ma découverte de Bar Karma est assez particulière. Vu le peu de promotion et de presse dont elle a bénéficié il est même étonnant que nos chemins se soient croisés. Pourtant Bar Karma est une série diffusée certes sur un network peu connu, Current TV, mais supposé tout de même avoir un minimum de couverture, étant américaine. De plus elle propose un concept assez inédit qui aurait du faire davantage parler de lui, ne serait-ce qu'au sein de la sphère seriephile, à savoir l'interactivité avec l'audience. Mais non, pas un mot. Il a donc fallu qu'un très cher ami pourtant pas spécialement téléphage évoque les activité d'un certain Will Wright (créateur des Sims et aussi développeur du concept Bar karma) pour qu'enfin j'aie connaissance du projet. Dingue quand même...
A part ça, çoncrètement, ça raconte quoi Bar Karma? En fait, même après une saison on ne sait pas vraiment... Ce qui est sûr, c'est qu'on y suit Doug Jones (Matthew Humphreys Big Love), golden boy de l'Internet-business qui du jour au lendemain, après un événement trouble dans sa vie, se retrouve piégé dans le Bar Karma, lieu perdu dans le temps et l'espace. Il y fait la rencontre de James (William Sanderson Deadwood, True Blood) le mystérieux bar-man magicien et de sa belle protégée Dayna (Cassie Howarth), qui rapidement lui révèlent qu'il est le nouveau propriétaire du bar. Il se retrouve de plus investi d'une mission, aider toutes les personnes confronté à un "dilemme karmique" qui atterrissent dans le bar, afin de peut-être pouvoir résoudre le sien. A partir de là, les propriétés magiques du bar étant définies, la série se construit en fonction des idées des internautes avec lesquels elle est en constante interaction. Ceux-ci sont dès lors incités à aller le plus loin possible dans la fantaisie, le pitch à tendance très science-fiction de la série le permettant.
Sous ses aspects très originaux, avec son concept d'écriture innovant, il faut malgré tout noter que la série s'avère au final bien classique dans sa forme. La plupart de ses épisodes reprennent même une formule bien connue de tous les téléphages, le stand-alone. Une initiative un peu regrettable à mon sens, une bonne partie des épisodes du type étant plutôt ratés. Ne généralisons pas, il y a quand même eu quelques bonnes surprises. Celles-ci étaient en général des histoires de "clients" du bar ou les internautes se laissaient aller à plus de créativité, souvent en situant l'action dans l'avenir. Pour ce qui est des stand-alone plus terre à terre, rarement beaucoup d'émotion ou d'intérêt n'en n'est ressorti.
Vers la fin de saison, la serie a heureusement pris l'initiative de se concentrer davantage sur le feuilletonnant. Une bonne résolution qui a permis de développer un peu mieux les personnages, surtout celui de Dayna et de renforcer en outre sa relation avec Doug, ce qui a donné d'autant plus de force à la révélation du final. D'autre part, une mythologie intéressante a été mise en place autour du Bar avec l'arrivée d'un antagoniste, incarné par un excellent Tom Noonan (Louie, Damages) dans le génial épisode The Arrival et qui est venu livrer un cliffhanger prometteur lors du final.
Ce qui est cependant regrettable dans l'aspect feuilletonnant du show, c'est sa gestion du fil-rouge autour du mystère du coup d'un soir de Doug. La série l'a fait traîner en longueur inutilement sans parvenir à y injecter le moindre suspense, les découvertes étant cousues de fil-blanc et pas franchement recherchées. Mais ce n'était même pas le plus gros souci. Celui-ci venait en fait de l'interprète Matthew Humphreys, qui a peiné à se montrer convaincant dans sa recherche de vérité.
Le reste du (petit) casting s'en sort en revanche bien mieux. Et plus particulièrement Cassie Howarth. Elle et William Sanderson campent avec conviction et fraîcheur un James énigmatique et une Dayna pétillante. Si bien qu'il est même difficile de ne pas s'attacher rapidement à eux et de ne pas souhaiter en minimum en savoir plus sur le passé... que pourraient leur inventer les internautes.
En conclusion, Bar Karma débarquait avec une excellente intention: impliquer davantage le public dans le processus créatif d'une série. Le résultat se promettait alors révolutionnaire. Sauf que je n'y ai pas vu grand-chose qu'on aurait pu qualifier de la sorte. Les producteurs ont été petits joueurs et ont semble-t-il préféré limiter l'impact des idées des internautes et en garder un maximum le contrôle afin d'aboutir à un show un minimum classique pour ne pas trop effrayer l'audience standard. Il n'empêche qu'on peut dire que c'est un premier pas dans une éventuelle révoltuion télévisuelle. Et la série n'en reste pas moins une intéressante fiction fantastique au bon capital sympathie, même si elle ne restera pas dans les annales.