Pourquoi l’affaire DSK va réveiller 2012

Publié le 25 mai 2011 par Delits

Les nombreuses enquêtes d’intentions de votes publiées depuis le début de l’année 2011 ont achevé de convaincre les derniers irréductibles : 2011 c’est déjà 2012 et 2012 c’est l’élection suprême, celle du Président de la République.

Sur la ligne de départ, tracée bien en amont, candidats potentiels et déclarés jouaient déjà des coudes alors que deux sénateurs tentaient d’encadrer, un peu plus ou un peu mieux, la pratique des sondages politiques en France.

A gauche, la stratégie de communication de l’ancien directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, avait atteint son paroxysme, quelques jours ou quelques semaines avant l’atterrissage programmée du candidat venu d’outre Atlantique. Près des 2/3 des Français interrogés par LH2 confiaient une réelle attente et un souhait de voir DSK se prononcer dès maintenant (26%) ou en juin, comme cela avait été prévu par le PS (37%). Ainsi, le secret de polichinelle n’avait plus de raisons d’être et nombreux étaient les dirigeants socialistes à avoir courbé l’échine devant la vague DSK perçue dans les sondages : Montebourg, Moscovici, Valls, Aubry et même Royal (qui devait rencontrer DSK mi-mai).

A l’heure de célébrer les 30 ans de la victoire de François Mitterrand, une majorité de Français s’était déjà convaincue de la candidature de DSK. Pour les socialistes, malgré la récente embellie de François Hollande, DSK demeurait le mieux armé et plus soutenu dans sa famille politique, pour conquérir l’Elysée. Le pays se dirigeait ainsi vers le duel annoncé depuis plusieurs années ; oubliant un peu vite les rebondissements de 1995, de 2002 et même de 2007. Une nouvelle fois la ligne droite a été interrompue, brutalement.

Nouvelle donne ?

En effet, la disparition du champion des sondages va rebattre les cartes, réveiller les appétits, chambouler les rapports de forces au sein du PS mais surtout susciter un intérêt plus fort pour l’élection et ses débats. Après le temps de l’incrédulité sur cette affaire, vient celui des remises en question avant celui des décisions. En effet, face à l’option DSK, et malgré la sérénité affichée, l’Elysée semblait incapable de lutter alors que la gauche apparaissait fin prête à se rassembler derrière celui qui succéderait à Mitterrand. Alors qu’à chaque élection intermédiaire depuis 5 ans ont été battus des records d’abstention après la mobilisation exceptionnelle de 2007, 2012 s’annonçait mal. Contrairement à ce que l’on a pu penser il y a une semaine, il y a fort à parier que le DSK-gate remobilise tous les camps, à un an de l’échéance présidentielle.  

Difficile pourtant de dire à qui cela profite : entre des tendances de sondage qui manquent du recul nécessaire, des attitudes qui ne cherchent qu’à troubler le jeu et des analyses de courte vue qui ont du mal à convaincre l’électeur. A droite, d’après les médias, le cataclysme DSK a semble-t-il renforcé le président sortant, même s’il reste toujours aussi impopulaire. Pour les socialistes, bien que les sondages insistent sur une tendance toujours positive, le parti doit trouver un successeur au messie annoncé, ou plus raisonnablement un candidat à même de remporter l’élection et de fédérer une large famille politique.  

L’alternative que promettait la candidature DSK s’était imposée en réalité comme un consensus mou dans le pays : entre une gauche qui s’était accommodée du directeur du FMI un peu libéral, une droite déçue par Sarkozy en passant par un centre toujours orphelin d’un candidat crédible. S’il est inconcevable et indécent de se réjouir de ce scénario, les récentes découvertes au sujet des mœurs de DSK, permettent d’imaginer ce que 2012 aurait pu être : une campagne à la limite de la moralité.

Face aux enjeux qui se nouent, les Français attendent des réponses et des engagements forts pour la jeunesse, l’emploi, le pouvoir d’achat. C’est peut être dans ce contexte imprévisible que l’envie de politique pourrait renaitre alors que le pays se préparait à une élection fade où les questions de personnalités auraient sans doute noyé le débat. La balle est désormais entre les mains des candidats et sur le terrain des idées. En tout cas espérons-le !