Deux femmes, deux féminités qui avaient grandi en se regardant changer.
La complicité compliquée entre une mère et sa fille. Sa première fille, mais cette expérience nouvelle avait été différente avec la suivante. Nos enfants grandissent, nous sommes de passage pour leur donner le témoin de ce plaisir à les accompagner, en observant un simple fait très animal, la reproduction pour la survie d'une espèce. Oui, nous sommes dans le cycle ancestral, de la transmission, de nos valeurs, de nos biens et surtout de nos gènes.
Elles étaient encore plus complice ces dernières années, tout n'avaient pas été simple, bref la vie, elles ne conservaient que le meilleur et quelques douleurs cachées, la vie.
Petite fille, elles aimaient reprendre les vieux albums de photos, pour voir, revoir la jeunesse mais aussi au passage la mode de l'époque, whouahhh les fleurs orange sur le papier-peint du salon, elles avaient ri. Les jupes variaient en longueur, à chaque photo de la fête d'école, cette fin d'année qui donne une taille de plus à l'enfant, un carn en plus dans sa maturité, sa construction.
Jeune fille, elle avait beaucoup travaillé, pour nourrir la famille, papa par-çi, maman par-là, des carrières et des occupations, du bénévolat, des amis, des week-ends en amoureux plus rares, et une petite fille devenue plus grande dans la cour d'école, avec des premiers changements, ce corps en ébullition, la forme du visage qui quitte le bébé, les choix de vêtements.
Jeune femme et années collèges qui avaient filé si vite, lycée ensuite, quelques hormones et les premiers jours de sa féminité réelle, les règles. Horreur, non, car maman était là, papa aussi, qui parlait, qui ouvrait son coeur et ses bras pour la rassurer, pour lui parler. Il était là, fragile avec elle, comme avec tous les enfants. Chaque nouveau pas devenait plus féminin, les choix de vie, non plus de scolarité mais de métier, les petits amis, le regard des autres si fort sur son corps. Elle avait choisi sa première robe, son premier top, papa avait offert des leggings, ils avaient ri ensemble, tous ensemble en feuilletant les magazines féminins qui trainaient dans la salon. Alors tendance ou pas, mode ou pas.
Et puis un jour, durant des études elle avait aimé, oublié, mordu ses lèvres, découvert le bonheur et les douleurs. Son corps s'était allongé, ses jambes, la fierté de son papa comme son diplôme de pharmacienne. Docteur, elle était libre dans un monde encore nouveau, elle prenait la temps, elle vivait, courait, débutait, s'amusait et se couchait fatiguée de tout cela. Elle aimait aussi. La liberté, elles avaient parlé de féminisme, de fémnité tant de fois.
Cet après-midi, il faisait chaud, deux femmes, un appartement vide d'homme, des jambes lourdes, qui avaient suivi le chemin de deux vies avec parfois des parallèles, maintenant des croisements pour papoter, pour des sorties shopping, des restaurants. Deux paires de jambes, chacune avec le potentiel de charme, chacune avec sa féminité. Une tunique blanche et un legging gris, une large ceinture sur la taille. Une robe fluide, moulant sa charnelle poitrine, sa fierté conquérante, un collant fin, quelques deniers pour lisser les courbes du temps.
Dans quelques minutes, elle lui annoncera avaoir chaud un peu plus, car elle attend un enfant, une autre génération. Elles vont rire, pleurer peut-être ...