Deux enfants se faufilent entre les mailles de l’occupation !
N’ayant pas lu le roman éponyme de Joseph Joffo (publié en 1971) ou vu l’adaptation cinématographique de Jacques Doillon (datant de 1975), je découvre l’histoire de la famille Joffo via cette adaptation en deux tomes de Kris (Coupures irlandaises, Le monde de Lucie, Notre mère la guerre, Les Ensembles contraires, Un homme est mort) et Vincent Bailly (Coupures irlandaises).
Le premier volet de cette histoire autobiographique raconte le périple de Joseph et Maurice Joffo de Paris jusqu’à Menton durant l’occupation de la seconde guerre mondiale. Ce voyage périlleux, initié par le port obligatoire de l’étoile jaune et le climat antisémite de plus en plus tendu, permet de découvrir l’atmosphère pesante de l’époque à travers le regard de deux enfants juifs d’environ dix ans. Malgré leur maturité et leur débrouillardise, les deux frères conservent une certaine insouciance qui renforce l’empathie avec le lecteur. Le contraste entre cette innocence et l’ambiance oppressante, est l’un des principaux attraits de ce voyage vers la zone libre parsemé d’embuches.
Le graphisme de Vincent Bailly restitue parfaitement l’atmosphère de cette France occupée et accompagne avec brio le ton très juste du récit. Le comparse de Kris sur Coupures irlandaises parvient également à insuffler beaucoup d’expressivité aux visages et intègre plusieurs scènes muettes qui viennent souligner la tension ambiante avec maestria. Si je ne suis pas trop fan de ces quelques cases qui relatent les exploits du grand-père Joffo, j’aime par contre beaucoup la mise en couleur de cet album.
Une mise en place mêlant humanité et sensibilité et une suite que j’attends déjà avec grande impatience.