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"Europe, n’abandonne pas tes jeunes !" titrait dernièrement Politiken à propos des indignés espagnols. Le quotidien danois relève que les gouvernements nationaux ne peuvent répondre seuls à l’absence de perspectives qui frappe la jeunesse européenne.
La crise financière souligne la faible marge de manœuvre qui reste aux dirigeants nationaux et le transfert des leviers de décision vers l’Union Européenne. La jeunesse apparaît aujourd’hui comme la première sacrifiée sur l’autel de l’austérité décrétée par Bruxelles, à la demande pressante de Berlin.
Les hommes politiques espagnols comme leurs homologues européens sont "dans la seringue". D'un côté sous la menace des marchés financiers et des agences de notation et de l'autre, privés par l’euro de toute dévaluation possible.
Le dogmatisme de la Banque centrale européenne conduit cette dernière à tout faire pour éradiquer l’inflation quitte, à générer un chômage de masse. Cette gestion technocratique purement financière fait trembler sur ses bases les démocraties européennes.
Il n’est pas de bon ton de remettre en cause la monnaie unique. Lors de sa création pourtant beaucoup d’observateurs avaient prévenus que les conditions nécessaires à son maintien demanderaient des efforts quasi surhumains. Nous y sommes.
"Qu'as-tu fait, ô toi que voilà - Pleurant sans cesse, - Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà - De ta jeunesse?" (Verlaine). Aujourd’hui, les jeunes Espagnols frappés par un taux de chômage de 45% pour les moins de 30 ans ont à juste titre perdu confiance dans leurs dirigeants politiques. Cette situation n’est pas unique en Europe.
La réponse n’est pas dans moins d’Europe mais bien, dans un approfondissement de la construction européenne avec, une reprise en main de l’économique par le politique.
La vraie question qui est posée est de savoir si, paradoxalement, la relance de l'aventure européenne ne passe pas par l’abandon d’une politique monétaire drastique qui vampirise les peuples et les pousse dans les bras des formations extrémistes et nationalistes.
C’est bien d’ailleurs ce que demandent explicitement les indignés espagnols mais aussi les manifestants de la place du Rossio de Lisbonne qui le 22 mai dernier formalisaient leurs attentes dans un manifeste. "Nous refusons le plan de la troïka (UE, BCE, FMI).Suivant l'exemple de l'Islande, nous n'accepterons pas d'hypothéquer le présent et le futur à cause d'une dette qui n'est pas la nôtre. Nous refusons que l'on nous vole les horizons de notre futur" peut-on y lire notamment.
Les élites doivent abandonner leurs cris d’orfraie à l’évocation d’un abandon de l’euro pour démontrer de façon claire et pédagogique ce que celui-ci apporte. Ce débat, indispensable doit être porté sur la place publique. Si le maintien de la monnaie unique est démontré, il restera à garantir une répartition juste des efforts, qui ne serve pas uniquement les intérêts des tempes grises.
http://www.dailymotion.com/video/xiuta1_cecile-van-de-velde-les-jeunes-espagnols-dans-la-rue_news
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