Nul n’est irremplaçable

Vous n’êtes pas sans vous souvenir de la triste histoire de notre Titi, perdu ou disparu à jamais, qui avait fait pleurer toute la blogosphère en son temps. Le temps a passé, les larmes ont séché, seuls restent les souvenirs.

Pour en terminer une bonne fois avec ces chagrins quand nos animaux de compagnie nous quittent, je ne connais qu’une méthode, radicale mais parfaitement efficace, ne pas en reprendre ! Le contrat tacite entre ma femme et moi a été respecté même si de temps à autre, au détour d’un propos ou d’une remarque, j’ai senti poindre un appel du pied pour une adoption éventuelle. A chaque fois j’ai su contourner habilement le souhait et tuer dans l’œuf toute tentative tendant à annuler notre pacte.

Et puis. Et puis vous savez comme elles sont, Cosi Fan Tutti, quand elles ont une idée en tête, elles ne l’ont pas ailleurs. Sur le tapis, cent fois l’idée est revenue, cent fois je l’ai remballée et jetée au fond du puits pensant que c’était la dernière. Et puis. Et puis j’ai craqué, laminé par l’usure de cette demande perpétuelle, comme la falaise rongée par le ressac incessant de la mer, j’ai cédé et se sont écroulés mes avertissements non négociables.

Une nouvelle bête est entrée chez nous, subrepticement et sans bruit aucun. Je reconnais qu’elle est discrète, je n’ai pas encore entendu le son de sa voix, elle n’a encore provoqué aucun dégât puisqu’elle ne bouge pas des oreillers où elle repose. Même pour ses « petites affaires » elle n’a pas réclamé ni rien fait, la gamelle que j’avais placée dans la cuisine n’a pas été touchée. Je dirais bien qu’elle est sage comme une image, mais je me méfie, il faut craindre l’eau qui dort. D’ailleurs elle ne dort pas, jamais, elle me regarde en permanence et je ne sais pas pourquoi, mais ses yeux et ses dents apparentes dans ce sourire sournois, ça m’inquiète, pour mieux dire ça me fiche un peu la frousse.