Par Oddjob
Polars, thrillers, comédies policières… les étals de nos librairies (ou plutôt de nos dispensateurs de produits culturels)
en regorgent. Nos cinémas (ou plutôt nos supermarchés en denrées filmiques) en déversent continuellement. On n’a jamais été autant submergés de flics, de voyous, de serials killers, de privés, de
crimes, de sang, de cadavres !!
Et pourtant … difficile aujourd’hui d’y trouver son bonheur.
Côté bouquins : entre les intrigues ésotérico-grandguignolesques façon Da Vinci Code et autres barnums fumeux, les
polars sociaux-souffreteux des Daeninck, Izzo, Villard and co, et les glaciales affaires de privés scandinaves qui nous laissent… froids. Gros bof !
Même un James Ellroy, dont nous considérons Un tueur sur la route ou L.A. Confidential comme des œuvres
majeures de la littérature noire, se pose un peu là avec ses dernières sorties et ses prétentions de "grand écrivain" suffisant.
Côté salles obscures : pas mieux sinon pire ! On reste dubitatifs devant les polars clochardisants et faussement
crasseux d’un Olivier Marchal (MR 73 et 36 Quai des Orfèvres) ? Quant au Polisse, sélectionné à Cannes et interprété par Joey Starr, on en n'espère… rien !
Même les séries policières n’ont plus de policier que le nom : scientifiques, profilers, médiums, romanciers
mènent désormais l’enquête. (Par pudeur, nous ne dirons rien du remake de Hawaï Police d’Etat, d’une consternante vulgarité.)
N’allez pas croire pas que je regrette un Navarro ou une Julie Lescaut, droits dans leurs bottes de petits fonctionnaires
zélés.
Mais aujourd’hui, si l’on parle beaucoup de police et de policiers, c’est de façon verbeuse version thèse de 3ème cycle en
sociologie.
Par contre, quid du flic, du condé, du poulet ? Oublié, ce héros des temps modernes, teigneux, agressif, violent,
solitaire, alcoolique (parfois), toujours en butte contre sa hiérarchie mais féroce chasseur d’un gibier toujours plus gros.
Nos modèles : Campana (Michel Constantin dans Il était une fois un flic), Letellier (Bébel dans Peur sur
la ville), Serpico, Jimmy "Popeye" Doyle (Gene Hackmann dans French Connection), Bullit, Dirty Harry, Kojak, Steve McGarrett et... "Pepper" Anderson (la sublime Angie Dickinson dans
Police Woman).
Ouais, une bonne poignée de couillus (même le sergent Anderson), qui n’avaient pas besoin de portable, d’internet et de
tout le saint frusquin, juste d’un calibre .44 et d’une bonne bagnole qui consomme ses 20 litres au cent, pour foutre la pétoche aux gangsters !
Heureusement, la relève est là et avec les mêmes méthodes (musclées).
Dernièrement, un petit nouveau a rejoint la cohorte de ces glorieux vétérants du NYPD, du LAPD ou de la Criminelle :
Nicholas Angel, le héros de Hotfuzz et flic d’élite à Scotland Yard. Et c’est Simon Pegg qui prête ses traits de British (très) moyen à ce bobby muté dans une petite ville anglaise
trop tranquille pour être honnête. Gros flingues, courses-poursuites, meutres gores à souhait, humour au xème degré : où quand l’Inspecteur Barnaby rencontre l’Arme Fatale.