Bastard ayant provoqué un sérieux séisme sur l’échelle de Pitchfork, le nouvel opus du diablotin en culottes courtes était attendu comme la venue de l’Antéchrist sur Terre. Pari réussi pour Tyler qui pond un véritable chef-d’œuvre alternatif. Un étau se resserrant autour de thématiques moins variées, mais nettement plus sombres, un concept totalement égotripé, une production plus épaisse, des featurings mieux choisis… Tout est calculé au millimètre pour faire de Goblin l’album de la consécration. On pense parfois au Tical de Method Man ou au The Hunt for the Gingerbread Man de MF Grimm, plus dans la forme que dans le fond. Dès l’intro, le jeu commence. Une pseudo conversation entre Tyler et son thérapeute débouche sur le très puissant et aussi morbide Yonkers, dont le beat répétitif soulève des vomissures blasphématoire d’un Wolf Haley en pleine névrose. Plus percutant encore, Radicals agresse frontalement une Amérique des plus puritaines (Fuck cops, I’m a fuckin’ rock star / Rebel and defiance makes my muthafuckin’ cock hard / Fuck pigs, fuck God, God’s a fuckin’ retard / Fuck school, I’mma fuck up, fuck Harvard…) et ce malgré une mise en garde en guise d’intro. Une crise d’adolescence tardive, penseront certains. Pourtant les idées macabres se succèdent plus rapidement que la ménagère aux grands magasins un jour de soldes. Transylvania dégueule son lot de lyrics injurieux, à la limite du non-sens, calé sur une instru glaciale, nerveuse et sèche. Un track vénéneux où la gent féminine en prend plein le… pour son grade, à l’instar de She, sur lequel Tyler et son comparse Frank Ocean règlent quelques comptes tout en détournant graveleusement les codes du R’n'B. La grosse tartine de cet opus restant néanmoins l’étouffant Sandwitches dont chaque bouchée pousse à l’apoplexie. Le flow du toujours brillant Hodgy Beats contraste avec la voix épaisse de Tyler, le duo percutant avec dynamisme un beat ténébreux et oppressant.
Si l’emblématique leader d’Odd Future fascine de par son iconisme décalé et son imagerie morbide, ses talents de rappeur semblent avoir également atteint leur point paroxystique. Goblin n’est autre qu’une nouvelle facette du rap horrorcore passé la moulinette électro. Si vous écoutez le générique des Bisounours à l’envers, y trouverez-vous des paroles sataniques ?
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Tracklist
Tyler The Creator – Goblin (XL Recordings, 2011)
01. Goblin
02. Yonkers
03. Radicals
04. She (feat. Frank Ocean)
05. Transylvania
06. Nightmare
07. Tron Cat
08. Her
09. Sandwitches (feat. Hodgy Beats)
10. Fish / Boppin Bitch
11. Analog (feat. Hodgy Beats)
12. Bitch Suck Dick (feat. Jasper Dolphin & Taco)
13. Window (feat. Domo Genesis, Frank Ocean, Hodgy Beats & Mike G)
14. AU79
15. Golden
Bonus
16. Burger [Deluxe]
17. Untitled 63 [Deluxe]
18. Steak Sauce [Deluxe]