Tous les deux ans, à l’approche de la date de début de la Biennale de Venise, les polémiques surgissent en Italie, sur l’art contemporain, sur le commissaire général choisi pour diriger cette manifestation et, depuis deux éditions, sur les commissaires et les artistes séléctionnés pour représenter l’Italie dans le Padiglione Italia.
Comme Christelle nous l’a bien expliqué lors de son compte-rendu en 2009, la Biennale est composée d’une grande exposition collective au cœur des Giardini et de « participations internationales », c’est-à-dire des pavillons où chaque pays invité montre le travail d’un artiste qui le représente.
Le Padiglione Italia (au centre des Giardini), contrairement aux autres pavillons, n’a pas toujours présenté des artistes italiens. D’habitude, on peut visiter dans ses salles l’exposition collective qui est un peu l’épine dorsale de la Biennale, qui illustre le thème choisi par le commissaire général et montre les artistes les plus intéressants et contemporains, pas forcement des italiens. Depuis 2007, l’Italie a aussi son pavillion national (aux Arsenali): en 2007 la commissaire Ida Giannelli a montré le travail de Giuseppe Penone (artiste faisant partie du courant de l’« Arte Povera ») et de Francesco Vezzoli (artiste très connu à l’étranger, classe 1971); en 2009, 19 artistes ont été choisis par les commissaires Luca Beatrice et Beatrice Buscaroli.
Bien évidemment, ces choix ont soulevé des critiques interminables : la séléction d’Ida Giannelli (à cette époque directeur du Musée d’Art Contemporain Castello di Rivoli) a été définie trop « modeste », tandis que celle de Luca Betrice et Beatrice Buscaroli a été annoncée par les deux commissaires comme « fruit du gouvernement de droite » et notamment de l’époque « berlusconnienne ». Imaginez les polémiques !
Il faut savoir que les commissaires du Padiglione Italia sont nommés par le Ministère de la Culture italien (la Biennale est une institution publique), comme d’ailleurs cela se passe à l’étranger (en tout cas en France et en Allemagne). Chaque commissaire, ensuite, dispose d’une somme d’argent mis à sa disposition par la Biennale pour inviter un artiste de son choix et monter une exposition à l’intérieur du pavillon.
Dans les dernières éditions, pour vous donner un exemple, la France a exposé le travail de Claude Lévêque, Sophie Calle, Annette Messager, Jean-Marc Bustamante, Pierre Huygue. Pour cette édition, Christian Boltansky est invité par Jean-Hubert Martin.
Pour la 54ème édition de la Biennale de Venise, le ministre de la Culture a nommé Vittorio Sgarbi, critique, historien de l’art et homme de spectacle très connu, commissaire du Padiglione Italia. Pour les italiens il s’agit d’un personnage qui a fait de la provocation vulgaire sa seule façon de travailler : spécialiste de Caravage et de l’art de la Renaissance, assidu des salons télévisés où il brille pour son élocution raffinée faite d’obscenités, ancien adjoint à la culture de la Ville de Milan et un des responsables du déclin artistique de cette ville, politiquement proche au parti de Berlusconi mais passionné de politique en général (il a milité dans la majorité des partis italiens, du parti communiste au monarchique). Il se dresse, avec cette Biennale, en « vengeur » de tous les artistes exclus des éditions passées et en dehors du système de l’art actuel.
Rendez-vous dans mon prochain post pour la suite de cette tragicomédie !