Dans ce raisonnement la qualité ne compte pas. Par exemple le système de santé américain, qui a poussé le plus loin ce concept coûte très cher, mais a de mauvais résultats en termes de santé. Pas grave : un marché prospère, hautement technologique, est né. Il y a une demande pour une médecine nuisible ! De même qu’il y a une demande pour une nourriture malsaine. Dans ces conditions pourquoi intervenir ?
Jean-Baptiste Say ne disait pas autrement : la logique du marché est de produire le plus possible, ce que l’on produit n’a aucune importance.
Si le marché raccourcit notre vie, nous éduque mal… peut-être peut-il nous garantir un emploi ? Les périodes durant lesquelles on lui a laissé la bride sur le cou (ère victorienne, avant guerre, dernières décennies), ont produit richesse d’un petit nombre et misère pour beaucoup. Au contraire, seul le dirigisme, la « technocratie », a été associé au plein emploi.
Mais le marché est créatif ? Nos grands créateurs sont des Newton, Pasteur, Fleming, Curie, Einstein… enfouis dans des laboratoires. Ou encore les gouvernements en guerre, qui font faire des pas de géant à l’économie, et dont la dernière création est Internet.
Schumpeter avait-il vu juste lorsqu’il disait que l’entrepreneur combinait d’une nouvelle manière des moyens de production existants ? Pour que son talent s’exprime, il a besoin d’un substrat que ne fournit pas une économie de marché ?
Serait-il temps d’examiner notre idéologie du tout marché, et de se demander si elle ne doit pas évoluer ?
Compléments :
- Say, Jean-Baptiste, Cours d’économie politique et autres essais, Flammarion, 1996
- Schumpeter, Joseph A., The Theory of Economic Development: An Inquiry into Profits, Capital, Credit, Interest and the Business Cycle, Transaction Publishers, 1980.
- The Economist me rejoint : l’économie de marché de l’Amérique moderne est incapable d’amener un homme sur la lune, ou de conquérir l’espace.