En fait si, je vais parler du dernier Franzen. Pas trop longtemps mais assez pour tenter de dire ce qui va et ne va pas. Malheureusement la balance est loin d’être équilibrée.
Avec « The Discomfort Zone » l’on se retrouve avec le premier écrit « romanesque » du vainqueur du NBA 2001 avec Les Corrections, roman qui m’avait impressionné au moment de sa lecture, notamment par la totale maîtrise de sa narration et les portraits tout en nuances de tous ses personnages. Ca c’est le passé. C’est aussi au passé que s’intéresse Franzen dans son dernier opus, le sien tout particulièrement. Non pas qu’il soit inintéressant mais l’on a parfois un peu de mal à cerner l’intérêt du texte en lui-même. Au choix, il pourra servir de laboratoire en action de la création des Corrections tant il semble avoir puisé dans sa propre vie familiale pour composer le roman. Pourtant, il y a des pages d’une grande tristesse, celle de l’homme moderne, celle de l’homme qui doit couper tous les ponts pour ne revenir que vers une berge qui s’écroule sur elle-même, un moment trop tard. Les quelques pages sur la mort de sa mère sont à ce point magnifiques.
Pour beaucoup l’on reste dans l’anecdotique, au choix les premières colonies de vacances et l’inadaptation foncière du petit Franzen, jusqu’aux « pranks » de potaches au lycée…L’on apprend aussi que l’auteur est devenu un grand amateur de volatiles en tous genres et qu’il passe tout son temps libre à parcourir les Etats-Unis afin de les observer.
La structure est plaisante, beaucoup plus thématique que chronologique, on passe rapidement du coq à l’âne, le tout sous un fil directeur qui tient le plus souvent lieu de titre de chapitre.
La partie la plus intéressante, quoiqu’elle ne soit pas forcément la mieux écrite est celle qui s’intitule « The Foreign Language ». Par l’apprentissage de l’allemand et la découverte de sa littérature en particulier Kafka et Rilke, Franzen découvre paradoxalement sa voix, sa langue propre. Ce terme du voyage est une constante dans « The Discomfort Zone », soit une zone que l’on essaye de quitter, qui nous habite pourtant, dont on ne peut se défaire, et qui finalement nous définit. Pôle négatif retrouvant in fine positivité. C’est très hégelien pourrait-on me dire. Pourquoi pas.
Franzen n’est jamais meilleur que quand il s’extrait de l’évènementiel pur pour se laisser aller à un flot de paroles simples, belles dans leur simplicité sur l’adolescence. Très Stephen King, qui sur le sujet a dit beaucoup plus, et continue à dire beaucoup plus que bien d’autres, quoi qu’on en dise.
Adolescence is best enjoyed without self consciousness, but self-consciousness, unfortunately, is its leading symptom. Even when something important happens to you, even when your heart’s getting crushed or exalted, even when you’re absorbed in building the foundation of a personality, there come these moments when you’re awarethat what’s happening is not the real story. Until you actually die, the real story is still ahead of you.
(…)You’re miserable and ashamed if you don’t believe your adolescence troubles matter, but you’re stupid if you do. (p.113)
Un moment de transition dans une oeuvre encore brève mais pas sans importance. Plus proche de l’album live que du greatest hits. C’est toujours ça.
PS : Plus j'y repense en l'écoutant, mais je trouve que Baba O'Riley des Who ferait une excellente bande son pour OR...Me trompje ?