"Droit de réponse" + "Finkielkraut". La requête ne m'a pas mené à bon port : j'ai croisé Coluche tentant de suicider, Cavanna émêché, Siné traitant Jean-François Kahn lequel lui répondait qu'il ne le détestait pas mais point d'Alain Finkielkraut.
Ce n'est pas en ouvrant "Le Nouveau Désordre amoureux", je ne lisais pas plus de la science fiction que de philosophie (qu'est-ce qu'un adolescent pourrait lire sur le désordre amoureux qu'il ne sache déjà ?) A tort ou à raison, je regardais régulièrement "Apostrophe". Je cherche "Finkielkraut" + "Apostrophe". Je tombe sur cette scène.
"Finkiel" dit la journaliste, "Finkel !" reprend Alain Finkielkraut surpris d'être reconnu.
"Alain Finkielkraut, dit Fink", c'est comme ça qu'il se faisait appeler à l'école. "Normalement, je devrais juste aller lui casser la figure" dit-il comme si cette cour de récré était décidément bien loin. Un canal devrait toujours nous séparer de ceux qui nous insultent. Chacun pourrait alors reprendre placidement là où il en était. "Ne nous laissons pas distraire". Débattons avec nous-même plutôt que de donner inutilement la réplique.
De temps en temps, ça lui prend. Comme ça. Excusez-moi, je dois descendre les poubelles. Il remonte cinq minutes plus tard. L'escalier de sa barre d'immeuble était en panne. Il a croisé trois jeunes maghrébins qui insultaient la vierge, un morveu qui priait qu'on nique Jules Ferry, un type en short qui lui a montré son sexe, deux ou trois autres barbus, la famille du 7ème qui préparait un mouton aux hormones sans rien assumer, il referme la porte en tentant de reprendre son souffle. Sa femme se dépêche de lui retirer le couteau qu'on lui a planté dans le sternum parce qu'il y a un match de foot qui commence bientôt. Il est comme ça Alain. L'autre jour, il avait intitulé son émission "Laïcité et identité française". Invités Jean-Luc Mélenchon et Denis Tillinac. "Il y a eu du collège de Creil au collège Babilou les affaires de voile islamique... Il y a la loi stipulant que nul ne peut porter une tenue destinée à dissimuler son visage..." Ca démarrait fort. Manque de bol, ni Mélenchon, on s'en doutait, ni Tillinac n'allait l'accompagner au bas de son immeuble. Ils devaient se douter que l'ascenseur était en panne. L'émission fut un régal. "Vivre avec des musulmans est assez naturel pour moi mais je comprends que beaucoup soient étonnés comme l'ont été auparavant nos compatriotes quand ils voyaient des Juifs." (Mélenchon) ; "Nos compatriotes musulmans ne posent pas un grave problème" (Tillinac). La messe était dite.
"Je voudrais poser une dernière question sur l'Islam"... Alain se rend compte qu'il doit redescendre au pied de son immeuble. Et c'est dangereux, pardonnez-moi, je résume, la question dure un quart d'heure, Charles Martel, la bataille de Poitiers les potaches de souche maghrébine, un article de journal, un professeur d'histoire qui enseigne cet épisode, la Seine-St-Denis, les gamins arabes qui répondent "cette fois on est de retour et on va gagner", la difficulté grandissante d'enseigner l'histoire de France...
Démonstration facile pour Mélenchon qui explique que la narration de l'événement dans l'article de journal est visiblement faite par quelqu'un de pénétré de l'idée du choc de civilisation, que le "eux et nous" utilisé par l'auteur est directement tirée de Huntington. "Il faut enseigner l'amour de la patrie républicaine, ce qui est absurde c'est d'enseigner l'amour de Charles Martel !"
Denis Tillinac : "D'abord, je me demande s'il peut y avoir des regards sur l'histoire qui ne soient pas partisans, teintés d'idéologie. L'histoire de Charles Martel à Poitiers avec ces fameux arabes qui d'ailleurs étaient des Maures, qui n'étaient pas du tout des Arabes, elle est considérée comme fondatrice, ce n'est pas la réaction catholique qui l'a inventée mais les hussards noirs piochant dans l'histoire de France de Michelet ou de Lavisse. De même que les blonds celtes tels Vercingétorix avec des yeux bleus. L'histoire invente et réinvente des mythologies."
Je vous renvoie à l'émission, vous verrez que j'ai vraiment choisi les passages qui m'arrangent. J'ai un train à prendre pour Ithaque et je ne suis toujours pas parvenu aux deux amazones. Elisabeth et Caroline. Vous écoutez ce qu'elles disent, c'est impossible de les confondre. Ce n'est pas qu'Elisabeth soit toujours dans le "eux et nous". Ce n'est pas qu'elle a tendance elle aussi à descendre au pied de sa barre d'immeuble et à remonter avec des histoires extraordinaires (ma voiture a brûlé pendant qu'une tournante détournait l'attention du policier de la BAC qui d'un coup de taser s'attaquait au trafic de stupéfiants caché sous un tapis de prière) mais vraies. C'est que Caroline m'obliger à réfléchir un peu. Ithaque, c'est à droite ou à gauche ?
PS : Le Traqueur Stellaire - l'étoile à gauche avant le trou noir, quelle belle devise - demande à quelques blogueurs quel est leur livre de SF préféré, quel ouvrage les a le plus marqué et pour quelles raisons. Le Coucou a déjà répondu ainsi qu'Isabelle B, Lolobobo, Dadavidov, Unhuman, Nicolas, El Camino. Je pourrais dire le plus grand bien de L'attaque des radars démagogiques mais il n'est pas encore sorti. J'aime bien la politique fiction qui ne comporte pas la dose de science requise pour constituer une réponse adaptée ! Malevil de Robert Merle, j'avais beaucoup aimé. Mais L'Iliade et l'Odyssée est le titre que je choisis sans détours ! C'est un peu comme Zagig et Voltaire, c'est de la marque, on en en a deux pour le prix d'un, c'est indémodable avec ses vaisseaux spatiaux et ses mondes inconnus !