Quatrième de couverture :
Entrée dans la Cité Interdite à treize ans, mariée « en cadeau » à un eunuque à dix-huit ans, He Rong Er servit la dernière impératrice de Chine jusqu’à la fin de son règne.
Après la chute du régime impérial, elle travailla jusqu’à la fin de sa vie comme femme de ménage. Avec cette dame de cour indiscrète, le lecteur pénétrera derrière ces hauts murs » violets et rouges » – comme l’écrivait Victor Segalen – dans l’intimité des chambres, dans les recoins des salles du palais et des cuisines. Il découvrira en ses moindres détails la vie quotidienne dans la Cité Interdite, mystérieuse, » emmurée et dynastique « .
On s’informe des amusements et des distractions du palais. On apprend les goûts, les manies, les exigences et les impuissances des empereurs et des impératrices, et en particulier ceux de l’impératrice Cixi qui reste une des figures féminines les plus énigmatiques de l’histoire de la Chine et qui pouvait rapidement, aussi, transformer la vie d’une dame de cour en cauchemar.
Mon avis :
Ce livre, le seul témoignage direct d’une dame de la cour impériale chinoise, est le fruit de la rencontre improbable entre un jeune homme étudiant l’histoire à l’université de Pékin et une vieille voisine solitaire qui, peu à peu, lui raconte son histoire, celle d’une jeune fille entrée à treize ans dans Cité Interdite qui finira sa vie en travaillant comme femme de ménage.
Ce qu’a pu être la vie de ces femmes entrées et bien souvent mortes comme des dames de compagnie ou des concubines anonymes -beaucoup ne rencontrèrent jamais l’Empereur- fut l’objet de nombreuses spéculations. Dans son roman Impératrice de Chine, Pearl Buck raconte la vie de la concubine Yehonala et son ascension au sein d’un monde implacable pour finalement devenir l’Impératrice Tseu-Hi. Personnage dont on découvre soudain l’existence en chair et en os dans ce court récit. Y compris certains aspects plutôt déroutant quand on a surtout le souvenir de l’histoire riche en détails, mais policée, de l’écrivaine américaine.
Le récit se divise en quatre parties : la première intitulée La vie des dames de cour raconte la vie quotidienne, les règles extrêmement strictes qui régissent la vie des dames au sein de différents pavillons de la Cité Interdite. Un nombre incalculable de consignes régissait leurs moindres faits et gestes : depuis l’habillement jusqu’à la position à adopter pour dormir, en passant par les déplacements, les repas et leurs tâches.
La vie quotidienne de l’impératrice douairière Cixi, outre l’aspect évident de certains moments de son emploi du temps, que ce soit la lecture des rapports politiques ou d’autres plus particulier (comme par exemple le bain avec deux baignoires différentes : une pour la partie haute, une pour la partie basse), comporte en plus des précisions intéressantes sur les superstitions et les fêtes qui avaient cours à la Cité Interdite et notamment sur l’intervention de chamanes au cours de ce qui était appelé « la fête de la viande ».
La troisième partie, Le petit et le grand remplissage des greniers rapporte principalement les jeux, les oracles et les rares amusements qui avaient lieu à différentes époques de l’année.
Le livre s’achève sur une quatrième partie un peu différente des trois premières. Alors que celles-ci tournaient autour de la cour et de ses usages, cette partie, La vie de He Rong Er avec l’eunuque Liu, raconte comment elle fût donnée comme cadeau en mariage à un eunuque et ce qui en découla. Bien que très courte, décrite avec beaucoup de sobriété et peu de détails en comparaison avec le reste, on ressent assez douloureusement de quelle façon tourna la vie de cette toute jeune fille de dix-huit ans. Après la mort de son mari, elle de manda à retourner au palais, et chose extraordinaire, on le lui autorisa.
Outre Mémoire d’une dame de cour dans la Cité Interdite il existe un autre ouvrage sur la cour intitulé Mémoire d’un eunuque dans la Cité Interdite, également publié par Picquier.