Magazine Culture
Gil (Owen Wilson) en a marre de sa vie. Est sur le point de se marier avec la mauvaise personne (Rachel McAdams). Fantasme sur Paris, ville-personnage, eldorado, seule issue possible à la superficialité de son entourage, et, au vide de son existence. Le rêve en point de départ, Woody Allen explose les attentes. Tout particulièrement, le Paris-carte postale que l’on craignait, et ce dès l’ouverture, en une juxtaposition ironique de clichés (Tour Eiffel, Arc de Triomphe, Place de la Concorde, Montmartre, Place Vendôme) qui place le sujet de son film directement ailleurs. On ne parle pas de la ville, en tant que nouveau possible, irréel idéalisé d’un paumé en quête de réponses, mais du lieu comme révélateur du soi, et de ses travers. Soit, en en disant le moins possible, une nouvelle (grande et belle) réflexion sur le sens de la vie, la fausse nostalgie dans laquelle on peut se complaire pour échapper au quotidien, le refuge que peut constituer l’art, sous toutes ses formes.
Allen, dans une comédie fantastico-romantique, colle aux pensées d’un homme, aux fausses certitudes, aux mensonges qui font du bien, aux vérités qui font mal. Son Midnight in Paris, c’est une renaissance d’un être en- et sur- trois temps : passé, présent, futur. Trois niveaux temporels avec lesquels il faut faire la paix pour pouvoir avancer. Rompre avec l’idéalisation systématique d’une époque antérieure, rompre avec les mascarades d’aujourd’hui ; avec pour seul but : la possibilité d’envisager l’avenir. Du casting quatre étoiles (Marion Cotillard, Léa Seydoux, Adrien Brody, Carla Bruni, etc.), il tire des séquences d’une beauté cinématographique, forte et instantanée. Des figures mythiques qui parcourent le film (Fitzgerald, Hemingway, Picasso, Cocteau, Buñuel), le cinéaste fait souffler un vent violent de liberté (à trouver dans l’expression artistique du soi notamment). Des femmes symboliques qui égarent le héros, il tire la plus mignonne des conclusions : il faut parfois se perdre, pour mieux se trouver.
FILM D'OUVERTURE / FESTIVAL DE CANNES 2011