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Mascottes ...

Publié le 24 mai 2011 par Asiemute

Masukotto

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Vu ICI sur le blog de Karyn Poupée

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Rafukun, mascotte de FUJI TV, Odaïba, Tokyo (mai 2009)

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Haibao (littéralement "Trésor des quatre coins du monde") mascotte de l'exposition universelle de Shanghai
Kyoto, octobre 2009

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Solal, mascotte de l'Umeda sky building d'Osaka, juillet 2007

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Pi-po, la mascotte des koban de Tokyo

Natsumi porta son regard sur la fenêtre en verre dépoli du premier étage. Elle donnait au bâtiment un air de pension bon marché ou de studio miteux. On voyait mal comment du personnel féminin aurait pu travailler dans un endroit pareil. A l'intérieur du poste, d'ailleurs ne se trouvait qu'un jeune agent à l'air sérieux.
Il était assis à un bureau au centre de la pièce et semblait répondre à un questionnaire. A moins qu'il n'ait été en train de préparer un examen en vue d'une promotion. Natsumi, à qui cette idée était venue d'un seul coup, ne connaissait, bien entendu, rien du système hiérarchique de la police, ni de la façon dont étaient organisées les promotions. Elle se tenait debout à côté d'un vélo blanc posé, tout seul, contre le mur du poste de police et scrutait, aussi discrètement que possible, l'intérieur du bâtiment.
Le policier, qu'elle aurait bien surnommé "Fort-en-thème", semblait complètement absorbé par son questionnaire. L'intérieur de la pièce était nu et, à l'exception du bureau, il n'y avait rien de remarquable. A un petit tableau mural blanc pendait une sorte de support fabriqué avec le fil de fer d'un portemanteau. Un rouleau de papier higiénique bon marché y était enfilé et devait être utilisé en guise de mouchoirs en papier. C'était franchement misérable. Et puis, ici aussi, près de la fenêtre, était exposée, emballée dans un plastique déjà recouvert d'une bonne couche de poussière et tournée vers l'extérieur, la mascotte de la police. C'était sûrement pour donner un peu de gaieté au lieu.
Elle faisait environ cinquante centimètres de haut. Son corps de couleur orange n'était vêtu que de la bandoulière et de la ceinture noire des uniformes de policier. Elle ouvrait grand ses bras et prodiguait son large sourire alentour. Sa tête très volumineuse, devait bien représenter les deux cinquièmes de son corps, et elle avait un visage qui ressemblait beaucoup à celui de la souris Toppojijo, avec des oreilles légèrement plus longues. Ses yeux étaient aussi larges que ceux des personnages de Tetzuka Osamu (considéré comme le père des mangas). Sur le sommet de son crâne pointait une sorte d'antenne ou de tentacule, seul élément d'une nuance de bleu. C'était Pin-Pon.
Tout à coup, Natsumi se souvint d'avoir vu cette mascotte dans un lieu qui n'avait rien à voir avec un poste de police. Mais, à cet instant, une voix derrière elle l'appela, ce qui l'empêcha de continuer à réfléchir à l'endroit ou cela pouvait bien être.
- Un problème ?
Natsumi se retourna, surprise par la voix brusque de l'homme qui l'interpellait, et découvrit, debout derrière elle, un agent, son vélo blanc à la main, de retour sans doute de sa tournée d'inspection du quartier. Rien à voir avec l'autre petit Fort-en-thème à l'intérieur du poste, c'était au contraire un bel homme qui, avec ses airs de voyou, n'avait pas grand-chose d'un policier.
- Euh, non, tout va bien ... répondit Natsumi en faisant attention à mettre beaucoup de politesse dans sa voix, avant de s'éloigner lentement, le tronc penché vers l'avant.
Puis, plusieurs fois, elle se retourna en souriant bêtement et en saluant de la tête le policier, qui, le képi légèrement en arrière, restait figé à la même place avec l'air de la trouver bizarre.
- Tu sais, Mika, maman a compris ! C'est la peluche de Pin-Pon qui t'intéresse, en fait !
Tout en servant son dîner à Mika dans la salle à manger, Natsumi taquinait sa fille. Elle reconnaissait qu'elle commençait, elle aussi, à s'amuser avec cette histoire de postes de police.
- Maman, c'est Pi-Po, pas Pin-Pon !
Et, afin de souligner l'erreur de sa mère, Mika croisa ses courtes baguettes roses au bout desquelles, à plusieurs reprises, elle fit ensuite rouler, sans pouvoir les saisir, les haricots bouillis achetés la veille au marché.
- Qu'est ce que tu racontes ! Il s'appelle Pin-Pon, voyons ! Comme le bruit des sirènes de police !
- Mais non ! Je te dis que c'est Pi-Po !
Mika insista sur les deux syllabes et, légèrement irritée, esquissa une moue.
- Bon, d'accord pour Pi-Po, acquiesça Natsumi, sans être le moins du monde convaincue.
Puis, à la place des baguettes, elle proposa à sa fille de prendre plutôt une cuillère, mais Mika refusa.
- Mika, dit Natsumi d'une voix douce, quand ton grand-père est mort, il y avait bien cette peluche à  son chevet. Tu te souviens ?
- Oui, je m'en souv...
Mais, sans doute parce qu'elle venait de saisir un haricot, Mika, les yeux fixés sur le bout de ses baguettes, ne finit pas sa phrase. Natsumi amorça un sourire.
- A ce moment-là tu l'avais bien appelée Pin-Pon, cette peluche.
- Je ne l'ai jamais appelée autrement que Pi-Po, corrigea à nouveau Mika.
Après le dîner, elles prirent leur bain ensemble. Plongée jusqu'au cou dans la petite baignoire, Mika compta rapidement de 1 à 20, puis, lassée par ce jeu, elle demanda :
- Maman, parle-moi de quand j'étais petite.
Comme si elle n'était déjà plus une enfant. Natsumi était en train de se savonner dans l'étroit espace carrelé, à côté de la baignoire, et l'air ingénu que prit Mika lui donna envie de taquiner un peu sa fille :
- C'était il y a huit ans environ, je t'ai achetée, toi, ma petite Mika, dans l'aile sud du grand magasin Mitsukoshi à Shinjuku, pour cent quarante mille yens. Le prix affiché était de cent soixante-dix mille yens mais, comme tu avais déjà trois mois, tu étais soldée à cent quarante mille, j'ai fait une affaire !
- Quoi ? Mais c'est affreux ! s'indigna Mika, prête à pleurer.
C'était la réaction prévue par Natsumi qui, en faisant attention à ne pas toucher sa fille avec ses mains savonneuses, prit délicatement la tête de Mika entre ses poignets - "C'est pas vrai, c'est pas vrai" - et la cajola en frottant son nez contre celui, tout petit, de sa fille.

Extrait de Tokyo Electrique
"Une ménagère au poste de police"
Fujino Chiya

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Ce recueil de nouvelles, cinq en tout, entraîne le lecteur dans une plaisante et étrange balade au coeur de la ville de Tokyo, de ses lumières, mais aussi de ses profondeurs, au travers d'histoires tantôt noires, tantôt oniriques, écrites par cinq auteurs japonais reconnus.
De Ginza à Shimotaikado, en passant par Shinjuku, on poursuit les frasques de deux étudiants pris de passion pour Maria, une jeune prostituée immigrée. (Les fruits de Shinjuku de Morita Ryüji)
On découvre l'amour illusoire et éphémére d'une jeune femme pour un garçon timide et emprunté qui s'invente une fiancée imaginaire pour ne pas s'engager. (Amants pour un an de Hayashi Mariko)
On observe les étoiles et la baie de Tokyo avec ce salaryman dont l'appartement a brûlé et qui n'a pas d'autre solution que de planter sa tente sur le toit de building de la firme qui l'emploie. (La tente jaune sur le toit de Shiina Makoto)
On suit l'intérêt surprenant d'une petite fille entêtée, passionnée par les koban (postes de police de quartier), et on compatis aux névroses de sa mère. (Une ménagère au poste de police de Fujino Chiya)
On s'interroge sur la disparition de Yumeko, criminelle présumée, du quartier de Fukugawa, ancien quartier des plaisirs. (Yumeko de Muramatsu Tomomi)

Ces cinq nouvelles illuminent la ville et tracent la géographie sentimentale de Tokyo. Un Tokyo méconnu des touristes, mais aussi sans doute d'une grande partie de ses habitants.
L'écriture élégante et épurée commune aux cinq auteurs donne une saveur particulière à ces tranches de vie qui pourraient sembler banales si on ne prenait pas le temps de les déguster sans impatience, comme on savoure le goût du Japon.

Bref, j'ai beaucoup aimé ce recueil de nouvelles ;)


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