À ce stade, nous n'avons pu connaître le statut - gratuit ou onéreux - de cette prestation américaine, ni sa durée prévue. Ces avions apporteront dans tous les cas une exceptionnelle plus-value à la marine française, qui sera donc capable d'envoyer à bord des pièces de rechange et d'assurer des rotations de personnel, sans avoir à recourir aux coûteuses liaisons par hélicoptère entre la Crète ou Malte et le porte-avions.
Gageons que les demandes de visites de politiques vont se succéder, dès lors qu'il sera possible de faire sans problème l'aller-retour dans la journée. Et pourquoi pas un touch and go sur le porte-avions avant de repartir pour Benghazi ? Mais attention : cette occasion unique pour un civil d'être catapulté depuis le Charles de Gaulle se vivra dans des conditions spartiates : les 32 sièges sont installés dans le sens contraire à la marche, et l'avion ne compte aucun hublot ! Cela dit, l'important est qu'il puisse franchir 3 000 kilomètres entre la terre et le porte-avions, et que sa rampe arrière lui permette de transporter des charges relativement volumineuses.
Les mouvements du C-2 Greyhound ne sont pas une nouveauté sur le Charles de Gaulle. Comme la plupart des avions de la marine américaine, il a réalisé des essais sur la plate-forme française. De plus, le C-2 est la version de base du E2-C Hawkeye, l'avion-radar dont la marine française possède trois exemplaires, tous capables d'embarquer sur le Charles de Gaulle. La générosité américaine n'est peut-être pas innocente. Seule marine, outre l'US Navy, à disposer d'un porte-avions à catapulte et brin d'arrêt [en anglais : CATOBAR (Catapult Assisted Take Off But Arrested Recovery)] apte à recevoir ce type d'appareils, la marine nationale a toujours considéré que le Greyhound était un avion indispensable à ses missions. À juste titre : un porte-avions sans aéronef de liaison, ce n'est guère sérieux quand on opère loin des côtes. Malheureusement, cette exigence a été sacrifiée aux contingences budgétaires, et il faut recourir à cette aide extérieure que les États-Unis, pour cette fois, veulent bien fournir. Le problème, c'est que l'US Navy n'a rien prévu pour remplacer cet appareil, même si elle dispose du projet COD (Carrier On-board Delivery) qui serait basé sur la dernière version de son avion-radar, le E2-D Hakeye. La marine française est-elle intéressée ? On se le demande bien...