Le susmentionn?? parfum fait partie de la collection l???Art et la Mati??re de Guerlain et est con??u autour de l???Ang??lique. Cette grande ombellif??re qui est connue en p??tisserie et liquoristerie (ne confondez pas avec la cig??e svp si vous voulez essayez les recettes) et dont on tire de la racines et des graines, des huiles essentielles aux multiples facettes : am??res ?? vous faire grimacer avec des c??t??s verts, confits sucr??s, r??glisse, bois??s m??me. (cliquez sur le lien ci-dessous pour lire la suite)
S???il fallait d??crire AN de mani??re impressioniste, je dirais que son d??part extr??mement vert provoque la m??me stupeur que celle d???un baiser vol??. On ne s???y attend pas mais on en redemande. Le baiser olfactif continue avec des notes plus chaudes l??g??rement ??pic??es et qui se d??ploient doucement sous la fra??cheur de l???herbe, comme des l??vres, qui, en se cherchant, s???enhardissent et s???ouvrent vers la douceur, le velout?? vanill?? des langues qui se m??lent??? (Bon, d???accord, je me calme !).
L???amertume de l'ang??lique est ici trait??e en bijou et sertie par du sucr??, du bois?? ambr?? et de la vanille. Le r??sultat me donne des ailes et me fait saliver. Ce parfum parvient ?? garder, malgr?? ses notes douces, jusqu ?? la fin un r??che ??trange, sur lequel le nez bute et revient sans cesse et plonge avec un frisson dans des volutes sombres l??g??rement amand??es, fum??es bois??es et am??res.
Mais c???est son d??part vert et crissant qui me pla??t le plus, Je me retrouve en un instant en vacances ?? la montagne o?? j???avais appris ?? siffler avec des brins d???herbes ?? l???odeur verte et coupante comme un rasoir. Tout de suite apr??s ce d??part tout en verdeur juv??nile AN continue de m?????voquer ces ??t??s au chalet (??a fait tr??s Heidi mais cela n???avait rien ?? voir) o?? je gambadais dans les pr??s. Pr??s, dont je connaissais, gr??ce ?? mon grand-p??re ador??, le nom de toutes les plantes (j???ai oubli?? une grande partie de mes connaissances et c???est amusant de penser que la gamine que j?????tais en savait plus que la femme d???aujourd???hui).
Je mangeais les salsifis sauvages et je retrouve miraculeusement leur saveur am??re et verte, intacte, incroyablement r??aliste, dans ce parfum ??tonnant. La bergamote et l???Ang??lique (et peut ??tre du bois de rose) nous donne ensuite un c??t?? bonbon un peu sucraillon mais bient??t on est repris par la morsure de l???amer qui emp??che la composition de se banaliser dans des accords doux trop familiers. Le tout fini par s???apaiser dans un gros caramel sal??. Madame Andrier m???emm??ne hors des sentiers battus avec cette Ang??lique, parfois pr??sent??e comme un nouveau Shalimar. Ang??lique Noire me semble poss??der sa propre identit?? qui se d??marque, ?? mes yeux, suffisamment de ses contemporains pour devenir un classique.
Cependant ne vous laissez pas trop influencer par mes souvenirs de petites filles, l???ang??lique n???a de l???ange que le nom, cette mati??re premi??re que je per??ois comme tr??s froide et bleue, presque m??chante est ??tonnamment et magistralement mise en sc??ne ici, dans un parfum qui jongle avec la lumi??re et l???ombre, ?? la fois vert, mouill??, mordant, transparent, opaque, sombre, froid, doux, caressant, r??che et je peux continuer comme cela pendant des heures tellement je suis contente de savoir que Guerlain a un avenir. Voir ici chez Poivre Bleu (j???aime beaucoup sa comparaison avec de la cassonade) et chez le Critique de Parfum, d???autres avis sur Ang??lique Noire.