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La « reprise » fantôme de l’économie américaine

Publié le 24 mai 2011 par Copeau @Contrepoints

Voici un petit bilan de la reprise économique en cours depuis 2009 au niveau de la richesse nette des ménages, qui est le résultat, comme chacun le sait du fin et savant pilotage de l’économie organisé par les autorités monétaires et économiques des USA sur la base de la noble pensée keynésienne.

Cette mesure du patrimoine net des ménages US est donnée chaque trimestre par la FED à la rubrique « Z1 – flow of funds ».

J’ai repris les données de la FED, en les corrigeant des effets de l’inflation, pour les exprimer en dollars réels et en extraire deux tableaux.

  • Le premier indique l’évolution de l’actif net global des ménages, de 2006 à 2010.
  • Le second indique l’évolution du même actif net, mais cette fois hors actifs volatils (valeurs cotées en bourse et fonds de placement associés).

Voici ces tableaux :

La « reprise » fantôme de l’économie américaine

La « reprise » fantôme de l’économie américaine

Nous constatons que :

1) La perte générée par la crise sur l’actif net (2007-2008) des ménages s’est élevée à près de 15 000 milliards d’euros, ce qui correspond à une érosion de 23% de leur patrimoine net.

2) La reprise n’a permis de regagner que 3068 milliards, soit seulement 1/5 de ce qui a été perdu.

3) Ce petit rattrapage n’est dû qu’à un seul élément : la hausse des marchés boursiers, gavés par les liquidités de la FED, qui sont de nouveau en situation de bulle (voir plus loin).

En dehors de ces actifs boursiers volatils, le patrimoine net des ménages n’a cessé de diminuer depuis 2006, avec une perte de 25% entre 2006 et 2010, soit 9310 milliards de $.

Tel est le bilan du quantitative easing et de la fuite en avant dans le déficit du gouvernement US (l’Europe a suivi globalement la même voie) : une reprise fantôme, qui :

- Ne crée pas d’emplois (le taux d’activité reste scotché à 58,4% de la population en âge de travailler depuis le début de la « reprise »),

La « reprise » fantôme de l’économie américaine

- Ne crée aucune richesse réelle pour les ménages,

- Mais menace de façon bien réelle à terme la solvabilité de l’État US.

Pour ce résultat, l’État US a réalisé 4500 milliards de nouveaux emprunts, atteignant un niveau d’endettement sans précédent depuis la 2ème guerre mondiale, sans compter les garanties données aux banques et aux organismes zombies et paraétatiques de refinancement hypothécaires (Freddie Mac et Fannie Mae), et la FED a triplé son bilan, en créant miraculeusement plus de 1500 milliards de liquidités qui n’ont fait que nourrir de nouvelles bulles (encore plus fragiles que les précédentes) sur les marchés financiers.

Les économistes qui ont érigé la fuite en avant dans la dette au rang de doctrine économique universelle appellent cela le « multiplicateur keynésien. »

Voulez vous voir un effet du « multiplicateur keynésien » sur le long terme ? Regardez ce graphique de Dshort.com, qui montre le résultat de deux décennies de fuite en avant dans la dette et dans le « quantitative easing » au Japon : -77,3% pour le Nikkei, soit une division par plus de 4 de sa valeur réelle.

Pour cette réalisation, l’État japonais a contracté un niveau d’endettement supérieur à celui de la Grèce, ce qui lui vaudra une situation similaire (et sans doute une nouvelle chute du Nikkei) dès que les ménages japonais qui ont financé la dette publique japonaise pour assurer leur épargne seront suffisamment nombreux à prendre leur retraite et à puiser dans leur épargne pour leurs vieux jours (coupant ainsi la principale source de financement de l’État japonais). C’est pour dans quelques années tout au plus au vu des données démographiques japonaises.

Pour finir, sur le thème des bulles générées par les politiques publiques de fuite en avant, jetez un coup d’œil à cet autre graphique instructif de dshort.com, sur le Q-ratio des actions américaines (il s’agit du rapport entre la capitalisation boursière des sociétés cotées et la valeur totale de leurs actifs). Les données datent de la fin 2010 ; depuis les marchés ont progressé d’environ 6% et le Q-ratio se situe donc vers 1,24.

Ce Q-ratio est au plus haut depuis plus de 100 ans, à l’exception du pic lié à la bulle internet de la fin des années 90. Il est aussi largement au dessus du niveau atteint lors du pic de 2007.

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Article repris d’Objectif Eco, avec l’aimable autorisation de son auteur.


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