Interview: Metronomy

Publié le 24 mai 2011 par Nuagenoir


Metronomy
Rock School Barbey, Bordeaux
22/05/2011
On était tout contents d'interviewer Metronomy. Il y a deux ans, nul n'imaginait que ces modestes anglais deviendraient le truc tendance par excellence. Après un album instrumental déjanté passé trop inaperçu et des tonnes de remixes, ils se forgent une solide réputation grâce à Nights Out, florilège de tubes décalés, largement relayé par la presse et agrémenté d'interminables tournées festivalières. Le groupe connaît ensuite une reformation, et pour le meilleur. À l'heure de The English Riviera, troisième album fort apprécié, le quatuor Metronomy occupe une bien belle place dans le palmarès de la pop indépendante. Personne n'est indifférent aux refrains des grands The Bay, Radio Ladio et autres Holiday. Metronomy, c'est le juste mariage entre électronique artisanale et pop grand public, et Nuage Noir s'est offert le luxe de rencontrer leur cerveau, le chanteur et compositeur Joseph Mount. Propos recueillis par Jimmy et Laura. Traduit de l'anglais.
Comment s'est passé votre concert, hier à Toulouse ?C'était vraiment incroyable. Le public était incroyable. On venait de tourner le clip de The Bay, pendant deux jours, donc c'était la première chose à notre retour, et ça nous a fait un choc, on avait presque oublié qu'on était en tournée. C'était génial.C'était bien, le clip ?On s'est vraiment amusés, il me tarde vraiment de le voir, c'était... intéressant.
C'est agréable d'être de nouveau en tournée ?Oui ! C'est agréable d'être en tournée avec un album qui marche si bien. On joue nos plus grands concerts, c'est excitant.Combien de temps dure la tournée ?Il nous reste quatre jours en Europe, après on fait des festivals. On fait une pause de temps en temps, mais la tournée ne se termine jamais vraiment.Tu aimes les festivals ?Oui ! Après avoir fait une tournée seuls, on apprécie beaucoup, parce qu'on sent moins la pression. C'est bien d'alterner les deux, je pense.
Le dernier album, The English Riviera, est beaucoup plus pop. Vous vouliez devenir plus mainstream ?Non. Pour être honnête, je trouvais déjà Nights Out très pop. Je ne voyais pas vraiment le nouveau comme un album pop ou commercial.Tu as juste fait ce que tu voulais faire ?Oui, exactement. Le son est bien plus « professionnel », alors les gens pensent tout de suite qu'il est plus commercial. S'il passe bien plus à la radio que les autres, c'est sûrement parce qu'il sonne mieux. Ce n'était pas une tentative commerciale.
Tu es toujours le seul à composer ?Oui, oui. Et je pense que ça va rester ainsi, mais j'espère qu'avec le prochain album, les autres seront plus impliqués dans l'arrangement des chansons.
Le premier album est instrumental, le deuxième est un mélange et le troisième ne contient que des chansons. Comment sera le quatrième ?La seule raison pour laquelle les albums ont changé, c'est que je les ai laissé changer. Si le deuxième album contenait moins de morceaux instrumentaux, c'est que j'étais moins excité à l'idée d'en écrire. Mais j'ai fait pas mal de chansons, j'ai beaucoup chanté, et j'aimerais revenir vers un certain équilibre. Faire plus d'instrumental, mais en y ajoutant nos nouveaux sons, tout ça. Je ne sais pas encore, à vrai dire.
Tu as vraiment dit que tu voulais être remixé par David Guetta ?Tout le monde trouve ça bizarre ! Pour le dernier album, il y a eu pas mal de remixes, comme Breakbot, Sinden, ce genre de trucs. J'ai pensé que pour le nouvel album, au lieu d'avoir plein de remixes, ce serait plus drôle de choisir un artiste pour chaque single, comme Armand Van Helden, et faire des gros remixes. Alors je me suis dit : « Autant choisir David Guetta ! »Tu aimes ce qu'il fait ?(Il hésite beaucoup.) C'est bizarre, parce que je n'aime pas vraiment, de manière personnelle. Mais on ne peut pas juste l'ignorer si la moitié de la planète adore. J'ai surtout dit ça parce que ça me semblait intéressant.Et ça se vendrait bien.Oui, complètement ! (Rires.) Des remixes bien dansants qui passent dans les clubs : pourquoi pas ?
Tu as vu la vidéo sur YouTube, celle où les Bee Gees chantent sur The Bay ?Je la regardais, parce que Pedro ou quelqu'un l'avait twittée, et je ne comprenais pas vraiment. Et dès que sa bouche correspondait aux paroles, pendant « it feels so good », j'ai trouvé ça hilarant.
On a beaucoup aimé les deux voix sur Everything Goes My Way. Pourquoi est-ce qu'Anna ne chante pas plus ? (ndlr. C'est la batteuse, mais en fait, ce n'est pas elle qui chante.)Everything Goes My Way a été enregistrée très tôt, et je ne savais pas vraiment qu'Anna savait si bien chanter. L'idée ne m'avait même pas effleuré. J'aimais beaucoup la voix de Roxanne (ndlr. Celle qui chante vraiment.), mais j'aurais très bien pu demander à Anna. Quand j'ai su qu'Anna savait chanter, je me suis dit « ah, merde ». Et elle se vexe parce que tout le monde lui sort « tu chantes sur celle-là ! » alors que non.Elle chantera dans le prochain ?Elle chante sur celui-là !Mais une seule fois.Non, deux fois ! Elle est sur Corinne et She Wants. Mais je ne sais pas, on verra comment ça se passe.
Les lumières sur vos bustes sont super cool, où est-ce qu'on peut en trouver ?Très facilement ! Quand on a commencé, elles venaient juste du Pound Shop (ndlr. Des boutiques « tout à une livre ».), c'était le genre de truc que tu mettais dans ton placard.Vous les balanciez dans le public.Oui, parce qu'elles se cassaient tout le temps. On avait cette boîte, elle en contenait des centaines. Les nouvelles, elles sont plus perfectionnées, elles sont contrôlées à distance. Mais elles ne sont pas si chères que ça.
C'est quoi la culture française pour toi, à part David Guetta ?J'en connais beaucoup sur la musique française, vous seriez surpris.Tu aimes quoi, en ce moment, dans la musique française ?Il y a ce mec, il est bon. Putain, c'est quoi son nom ?Un vieux chanteur ?Non, il est assez jeune. Putain, il s'appelle comment ? Il a des cheveux souples, il me fait parfois penser à Serge Gainsbourg. Je ne parle pas de Grands Corps Malade, pas lui. Julien quelque chose ?Julien Doré ?Non, non, pas lui. C'est le mec de la Nouvelle Star, non ?Oui.Oh, putain. Désolé, je ne me souviens plus de son nom ! Quand je grandissais, tout le monde s'intéressait à Cassius, Air, Daft Punk ; ces groupes étaient très populaires. Maintenant, c'est plus Ed Banger et tout, mais les gens ne connaissent pas bien la pop française. J'aimerais quand même me rappeler du nom de ce mec. (Rires.) Il est assez cool. Il a gagné un prix à ce truc musical l'année dernière. Il est assez populaire ! Un peu bizarre. Bientôt la trentaine, je pense.Il a gagné un prix ? Aux Victoires de la Musique ?Oui.On n'a pas regardé ça. (Rires.)Bon, tant pis.
Les gens te reconnaissent dans la rue ?Oui, de temps en temps !Il prennent des photos avec toi ?Oui, ça arrive. Mais pas très souvent. Ça dépend vraiment : si tu es près d'une salle de concert, les gens vont te reconnaître et tout. Mais j'étais à Londres, il n'y a pas si longtemps, et je descendais du métro, et là un mec vient me voir. Je me suis dit « ça y est, il m'a reconnu ». Et là, il m'a demandé : « Tu voudrais être dans une pub de poker ? C'est cinq cent livres ! » J'y croyais pas ! (Rires.)Il ne connaissaient pas Metronomy ?Non, pas du tout !
Ça va être bon. On peut prendre une photo ?Oui oui ! (Il s'affaire et réfléchit.)
J'arrive pas à trouver le nom de ce mec !Julien quelque chose ?Non, je ne crois pas. Peut-être Antoine ! (Rires.)Il est seul ?Oui, il chante, c'est de la musique intéressante. Il parle, il chante. Il fait de la pop. Je ne me souviens plus de son nom. Pas M, pas M. C'est drôle, parce que quand j'étais plus jeune, je suis allé dans une boutique d'occasion, et je suis tombé sur ce disque de Louis Chedid. Je l'ai acheté, et quand j'ai rencontré des français, je leur demandais : « Dites, vous connaissez Louis Chedid ? » Et il s'avère que M est son fils !
Après s'être remerciés pour l'interview, il se dirige vers la salle tout en cherchant le nom de ce mystérieux chanteur français. Et là, il se retourne en balbutiant « Benjamin », ce à quoi nous répondons, en chœur, « Biolay ! » Magique.