Les milliers "d'indignados" (les indignés) en référence au livre de Stéphane Hessel (indignez-vous) qui occupent depuis le 15 mai dernier plus d'une centaine de places de villes espagnoles montrent le ras le bol d'un peuple qui reproche à l'ensemble des responsables politiques d'être devenus sourds et aveugles aux préoccupations des "citoyens de la rue".
L'Espagne traverse une grave crise économique avec un chômage qui est passé de 7% en 2007 à plus de 21% en 2011 dont la moitié des chômeurs sont des jeunes. Les jeunes de moins de 30 ans, diplômés ou non, sont près de 40% au chômage.
La mobilisation des "indignados" se fait dans le calme, sans débordement et cela donne encore plus de force à ces manifestations qui ont coûté cher aux socialistes espagnols lors des élections locales de dimanche dernier (13 régions et 8000 communes).
Bien que les conservateurs aient gagné des villes de gauche comme Barcelone et Séville, on ne peut pas dire que l'on assiste à une droitisation de l'Espagne car les "indignados" ont une sensibilité de gauche sans toutefois être altermondialistes bien que leurs revendications soient plus larges que le simple pouvoir d'achat. C'est donc toute la classe politique espagnole qui se retrouve sur le banc des accusés.
Le peuple espagnol refuse les mesures d'austérité qui sont devenues insupportables alors que les profits des banques et des multinationales continuent d'exploser.
Au moment où la Grèce, l'Italie, le Portugal sont sous tension, ce moment populaire et pacifique ne risque-t-il pas de faire tache d'huile en Europe ?