Faisant suite à La conscience d’Éliah, un admirable roman paru 2009, Lalancette nous offre un court récit, un carnet endeuillé pleurant la perte de l’irremplaçable, sa sœur Armande.
Je glisse quelques courts paragraphes échantillonnant cet envoûtant texte.
«Elle est là, dans un grand cercueil rouge, verni, lustré, lumineux, habillé de coussins et de parements qui lui font un grand nuage ouvert sur une mort vive. On l’a couchée presque vivante dans sa blouse jaune à fleurs blanches, sa préférée, ses mains jointes sur le ventre d’un bonheur tranquille comme si l’on voulait la faire sourire encore un peu.
C’est pour dire de quoi c’est fait la vie. La tienne
De la distance, des mots, des rires, des regards, des danses, des souliers neufs, des robes à fleurs, des chapeaux à rubans, des dimanche et des prières, des amours de samedi soir, des joies par brindilles comme des nids d’oiseaux, des espérances aux mains, des désirs aux yeux, des chemins aux pieds et parfois aussi, des désespoirs et des émois qui font des rides au front et des cicatrices au temps.
Et que dire de ce chapitre 3 faisant quelque peu bande à part intitulé Bien sûr, il y a d’autres morts. De brèves descriptions de décès inattendus, géographiquement éparpillés, tous tragiques, tombés avec grand fracas, dont un particulièrement touchant parmi d’autres intitulée Marie, Fabrice, Anne et Thomas, ces derniers assassinés par George leur père.
Et mes souvenirs sont son linceul.