J’en vois déjà certains s’acharner méchamment sur un pauvre homme, à terre, alors que son procès ne fait tout juste que débuter. J’en vois aussi d’autres qui ne manqueront pas une seconde de le protéger et de trouver l’attitude précédente méprisable. Pourtant …
Partir du FMI après deux ans de services ou plus, c’est une bonne affaire. Bien que démissionnaire, et bien qu’inculpé d’une ribambelle de crimes dont le libellé n’est pas à laisser sous les yeux d’un enfant, le socialiste touchera donc, selon les sources, 250.000 euros d’indemnités lors de son départ.
Certes, cela ne lui paiera tout juste qu’une paire de mois d’hébergement dans son modeste studio dans une banlieue populaire de New-York. Certes, avec 250 K€, de nos jours avec l’inflation, on a bien du mal à boucler les fins de mois et payer, rubis sur l’ongle, les factures des call-girls.
Et puis même si l’ex-patron du FMI est finalement reconnu coupable, il existe une probabilité non nulle, moyennant des tortillages diplomatiques dignes d’un roman de Le Carré que DSK purge une partie — évidemment négociable à la baisse — de sa peine en France : Guéant, avec son entregent et sa finesse habituels s’est déclaré prêt à accueillir le présumé innocent s’il le demandait. Autrement dit, les frais de prison serait alors pris en charge par le contribuable français. Chouki, non ?
Enfin tout de même…
Tout cela fait beaucoup d’argent pour ces gens qui ne veulent pas entendre parler des riches, ne les aiment pas, et abhorrent l’évasion fiscale. Et cela promet d’être intéressant de voir ces mêmes socialistes, ceux de droite et ceux de gauche, ceux qui sont en procès, qui en eurent ou qui vont en avoir, tout faire pour protéger les avantages du déchu.
Cette affaire a été une formidable explosion dans le marigot politico-médiatique déjà bien encombré par l’empilement de cadavres nauséabonds qu’ils s’entassent les uns sur les autres.
- Elle a montré que les médias n’ont, finalement, que très peu de recul sur la probité d’un homme, et encore moins d’éthique. Leur raison d’être essentielle (informer, dénoncer les abus, les corruptions, les compromissions) est oubliée. Leur méthode de fonctionnement (publie vite coco, on s’en fiche des sources, on veut du buzz) fait disparaître instantanément l’éthique journalistique et les méthode de base.
- Elle a montré que ces gens de média et ces politiciens ont une vision très particulière de la justice, du respect de la victime, qu’ils se gargarisent d’expressions toutes faites, purement marketing mais sont complètement déconnectés de leur lectorat et leur électorat. Malgré les ventes en berne des premiers et le silence des urnes de plus en plus oppressant pour les seconds, la prise de conscience semble encore fort lointaine.
- Elle a montré l’opulence dans laquelle vivent tous ces privilégiés : aucun ne semble bondir à l’évocation des cautions payées, du prix de la suite dans laquelle l’affaire s’est déroulée, des sommes en jeu.
- Elle a montré que tant qu’il s’agissait d’accéder au pouvoir, tout pouvait être excusé par la caste des dirigeants et par celle qui les fait exister aux yeux du public.
Mais heureusement pour eux, le Français a une mémoire de poisson rouge.