2. "Dans la bande de Gaza"
de Joe Sacco
Bande dessinée - 2 x 140 pages
Editions Vertige Graphic - nov. 1996 et sept. 1998
Pendant l'hiver 1991-92, le journaliste américain Joe Sacco s'offre une immersion en terre palestinienne, ou plûtot en territoires occupés. C'est la seconde intifada, les tensions sont palpables chaque jour, les témoignages des habitants rencontrés sont terribles. Plus tard, il s'attarde dans la bande de Gaza, et, souvent accompagné d'un guide, s'attèle à reccueillir un grand nombre de témoignages sur le drame de 1948 et la chasse des Palestiniens de leur lieu de vie.
Après avoir lu Gaza 1956 de Joe Sacco, je savais évidemment qu'il fallait s'attendre à du beau travail, du gros travail. Les notes du journaliste sont denses, pertinentes, intéressantes, éclairant sur l'Histoire et l'actualité. Ses dessins sont fournis, soignés, regorgeant de détails, notamment pour les planches où figurent des plans extérieurs larges.
En filigrane, on sent le ressenti de Joe Sacco changer. Son humeur est souvent lasse devant tant d'injustice et de cruauté humaine, parfois exaspérée de cet étalage de la souffrance par les hommes, de cette admiration pour les martyrs. Son objectivité tient toujours à reprendre le dessus. Faire se confronter plusieurs témoignages, entendre des Juifs parler également de la situation, observer les quelques fraternités inter religieuses qui subsistent.
Mais globalement, le constat qui est fait, les faits qui sont relatés sont très sombres, très pessimistes hélas.
La voix de Joe Sacco porte, à travers ses notes, les paroles d'oubliés, d'occupés, de lointains humains qui font souvent la une des journaux de manière collective. Ici, le journaliste accorde beaucoup de son temps à l'écoute et l'observation, c'est une fresque poussée qu'il livre.
Du 1e tome "Une nation occupée", je garderai le ventre noué de savoir les oliviers du vieux palestinien tronçonnés. Une vie de labeur effondrée, des revenus qui ne reviendront plus.
Du second tome "Dans la bande de Gaza", je garderai la boue des camps de réfugiés, les litres de thé bus en tailleur sur les tapis des salons modestes et accueillants, et la fidélité de Sameh, l'ami guide qui accompagne inlassablement Joe Sacco dans le dédale des ruelles et de leurs dangers.
Un travail remarquable sur cette guerre insensée qu'on n'espère pas éternelle. Malgré les quelques fautes d'orthographe ou de traduction, le texte, exigeant, illustre, rapporte, instruit, et il s'imbrique souvent très bien aux illustrations.
L'avis de Mo' - Bar à BD
"Gaza 1956 - En marge de l'Histoire" - critique - ChezLo