. Le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol vient de perdre les élections avec une défaite historique de toute son histoire électorale, avec un écart de plus de dix points au bénéfice de la droite. Pour autant le PP ne crève pas les plafonds , c’est le PSOE qui perd au profit des autonomistes, des républicains de Esquerra et Izquierda républicana et des groupes se situant à sa gauche. L’électorat socialiste connaît une radicalisation depuis plusieurs mois, notamment au sein des couches populaires et de la classe ouvrière. Ce qui paraît normal avec les mesures anti sociales et réellement réactionnaires de ce gouvernement sans couleur et sans saveur. Ce Parti avait d’ailleurs rompu les liens qui l’unissait à l’UGT, sous prétexte de « liberté syndicale » et qui n’était en fait qu’une volonté de se séparer de la classe ouvrière afin de mener une toute autre politique sans la contrainte d’une base plus à gauche que sa direction. Les secteurs syndicaux de l’UGT proches du PSOE ont déjà alerté le pouvoir à plusieurs reprises. Des groupes socialistes prenaient depuis quelques temps leurs distances avec le gouvernement et le Parti mais le pauvre Zapatero englué dans le social libéralisme, le TCE et sa servilité à l’égard des puissances financières, faisait sienne la maxime à la mode « l’élite a toujours raison ». Voilà ce Parti historique fondé par Pablo Iglesias, José Mesa avec le concours de Paul Lafargue, devenir un laquais du capitalisme et congédié par le peuple comme on congédie un valet. Le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol, n’est plus un Parti socialiste, ni ouvrier et même plus républicain, il a perdu en faisant la politique de ses adversaires de droite. Les réformes sociétales ne suffisent pas à faire illusion Marx disait de Pablo Iglesias, « il a construit un Parti de maçon » tant l’organisation avec l’UGT était solide. Un Parti qui votera l’adhésion à la troisième internationale avant d’avoir reçu les 21 conditions et qui convoquera un congrès à nouveau pour repousser les conditions d’adhésion. Tout cela est bien loin, depuis, la génération de la République et de la guerre est partie en exil, les uns traqués et tués, les camps de concentration et les persécutions. Franco a mené un véritable génocide contre la gauche en Espagne. La continuité a été rompue et 40 ans de dictature , ça laisse des traces. Des « élites » de la période franquistes, formatés par l’église catholique et le régime ont ainsi trouvé refuge au sein du PSOE. Avec ses succès électoraux et une insuffisance de cadres politiques formés, tout un tas d’opportunistes ont été propulsés à des postes électifs. La vie politique espagnole a depuis l’avènement de la démocratie, été secouée par des scandales financiers et la corruption , de droite comme de gauche. Eh oui ! une base ouvrière, ce n’est pas automatique , ça se mérite et quand on ne veut plus de cette base encombrante , c’est que l’on veut faire une toute autre politique que celle pour quoi on a été fondé. Ce processus est clair en Espagne mais il se dessine de la même manière pour les prochaines élections en Grèce, sans parler du Portugal avec la naissance du « Bloc de Gauche » face à la droite et au social libéralisme. A ce même processus, la France n’y échappera pas à terme, avant 2012 ou après 2012, le plus tard sera le pire. Les prochaines élections présidentielles pourraient bien réserver quelques surprises désagréables , notamment à un PS qui par ailleur s s’inscrit dans la même logique que le reste de la « social démocratie » européenne sociale libérale et néo conservatrice.