Mon petit oiseau. Tu ne lis pas les jounaux, et tu as bien raison, au fond. Tu penses à ton voyage scolaire, à ta valise rose, toi tu dormiras dans des lits superposés, même pas dans une suite de luxe, même pas au Sofitel de New-York. Tu t'intéresses aux aventures de Garfield, un peu accessoirement à Titi et "Rominey", version lonely tunes, plus que d'une chasse dont tu n'as pas idée.
Un Gros minet présumé innocent, un canari prénommée Nafissatou, présumée rien, des larmes de crocodiles sur des menottes, des larmes, des vraies, perlées sur le visage d'une femme, mauvais dessin animé.
Ma petite fille, je ne veux pas que cette histoire, tu la comprennes maintenant. Tu as l'âge de la fille de Nafissatou. L'âge de comprendre plein de choses. J'essaie de te protéger, mais je ne pourrais bientôt plus. Me restera ma colère, ma violence, ridicule moyen de te défendre contre la violence.
Non, j'espère juste que tu ne sois jamais obligée d'être femme de chambre au Sofitel de New-York. Que tu ne fasses jamais un boulot qui te mettes au contact d'un homme qui te voie comme une proie.
Ma fille, tu ne seras jamais présidente du FMI -quoi que-, mais je sais que tu respecteras toujours la femme, ou l'homme, qui nettoiera ta chambre. Je te promets que les salauds, les malades, les pervers, vivent dans un autre monde. Un monde qui n'est pas le nôtre.
François GILLET