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Le stress pour les nuls

Publié le 23 mai 2011 par Cebeji

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Conseils avisés pour le quotidien

Attention: certains propos peuvent heurter la sensibilité des plus sereins.

Après une courte nuit pour cause d’insomnie (ô combien valorisante dans les conversations de comptoir), se réveiller à l’ultime dernier moment et s’arracher du lit avec ce sentiment exceptionnel d’écartèlement incomparable.

A ce stade, effectuer un premier constat d’injustice et chérir l’agressivité naissante qui en découle naturellement.

Durant le trajet complexe visant à rejoindre la cuisine pour la prise du petit déjeuner, sur le pouce..., il est conseillé d’heurter avec l’un de ses petits orteils le coin de la porte afin de confirmer les douleurs présumées de cette incarnation matinale non consentie.

Confirmer le sentiment d’injustice précédemment initié.

Se sustenter brièvement avec un café noir, sans sucre, par défaut de courses et du pain rassis sans beurre; regarder l’heure, développer l’angoisse du retard et des embouteillages (très important).

La voiture va t-elle démarrer ?

L’horaire de départ pour éviter les bouchons vient d’échoir depuis dix secondes...aïe !

Après les deux kilomètres, prendre les transports en commun sans toutefois confondre le mot transport avec liesse, ce serait une terrible méprise.

Une fois dans le train, engager un combat de moues avec, à la clé, pour la plus mortifère, une place assise et lugubrement «tranquille» .

Arrivée en gare: se laisser porter par la ruée et dévier du métro convoité par la misanthropique bousculade.

Vérifier compulsivement ses affaires, conscient de la présence statistique de pickpockets relatée fortuitement dans le journal gratuit.

 Bien !

Vous progressez, tout comme votre agressivité et votre frustration; le stress vous gagne, vous êtes sur la défensive, vous pouvez vous enorgueillir d’être Parisien.

Arrivée tardive au boulot, qui, lui-même, est en retard.

Les collègues procrastinent, atermoient.

Assumer leur surplus, la charge héroïque et son pendant, le fameux sentiment d’injustice toujours croissant.

Garder sa concentration et encaisser la fragilité de l’entreprise soumise à restrictions budgétaires.

A ce stade, observer l’apparition opportune d’une angoisse de fin de mois récurrente, c’est magnifique !

Pouvoir d’achat précaire, vacances en berne.

Attention !

C’est l’heure de la pause, le risque de détente, l’écueil qu’il faut absolument éviter, le moment rassérénant avec collègues, des vraies respirations, des blagues potaches...

Heureusement, panne de machine à café, le collègue préféré vous annonce sa mutation, le pays où vous projetiez de partir en vacances est en guerre...merde !

Ouf, le piège est évité (c’est bon ça !). Le stress est intact.

Découverte d’une nouvelle recrue plantureuse à souhait ainsi que du sentiment de culpabilité adultérin conjoint; stress en hausse.

Retour au bureau avec une pile de dossiers augmentée à traiter pour la veille.

Suggestion: songer aux soucis du quotidien durant le travail, ne pas hésiter, résultat et efficacité garantie.

Pause déjeuner:

menu infecte, la nouvelle vous ignore; heureusement, le lourd de service vous rejoint et vous confie ses angoisses impossibles.

Reprise du boulot, reste six rounds...avant le KO !

Vous avez mangé trop vite, le mal au ventre guette...Palpation...prise de conscience de la désertification abdominale au profit d’une couche informe oléagineuse...Sentiment d’anéantissement...Amour de soi en chute libre...

Tiens ? Des cheveux sur la chemise...vite devant le miroir !

L’air fatigué...le capital séduction s’en va... du sport ?

Pas le temps, pas les moyens, rien ne va... la dépression !

BRAVO, stess au top !

Et les enfants ? Hein ? Qui pense aux enfants ?

Euh ils ont sport ! Et le goûter, alors ????

Film à l’envers, métro bousculade, avec les pubs rappelant l’improbable voyage, les muscles absents, la télé trop petite...

Bataille de moues, train, embouteillage, retard, STRESS STRESS, STRESS !!!

Arrivée enfin à la maison en voiture, minuscule, même pas cap d’avoir un 4x4 inutile.

Vite à l’école.

Les enfants attendent, rassurés par des parents inquiets au sujet de votre incompétence paternelle. Ils sont en forme malgré la mauvaise note obtenue par l’un d’eux, qui lui vaudra une gifle. Il l’a méritée, s’il ne réussit pas socialement à 7 ans et demi comment fera t-il pour acheter un 4x4 et un écran plasma ? Hein ?

Vous êtes quasi mort, les enfants en verve malgré la sanction s’agitent.

Deuxième tournée générale de baffes !!!

Vous n’êtes pas disponible pour eux mais néanmoins conscient et vous culpabilisez, vous devenez minable, c’est beau, vous y êtes presque !

A 20 heures, le sacro-saint journal télévisé ou «c’est la merde magasine» vous achève le moral; le reliquat sera détruit par les quelques publicités pointant outrageusement vos manques irréversibles.

A cet instant, vous avez pratiquement rejoint le stade du suicide et je vous en félicite.

Allez au cinéma (la mort mettrait un terme au stress, ça n’est pas le but je vous le rappelle).

Ne pas oublier d’aller tout d’abord dans une sandwicherie (pour rester correct).

Regardez donc un blockbuster américain (pléonasme) dans lequel un super abruti tue de nombreuses personnes au nom de la morale.

Identifiez-vous à lui, vengez-vous par procuration de toute cette impuissance consommée.

Et puis ne changez plus rien, vous n’êtes plus rien, vous avez réussi, vous avez atteint le paroxysme du stress, félicitations !!!

Bonheurs autorisés durant cette cure:

Se vanter en groupe du nombre d’heures interminables au travail, du peu d’heures de sommeil, de la «quantité d’alcool» résistance, du nombre de paquets de cigarettes fumées.

Vous êtes un héro moderne, vous en chiez !

Contre indications pour le stress:

l’art, créer, faire du sport, se ballader dans la nature régulièrement, prendre le soleil et glander...


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