La légende de la Rolls Royce
Point n’est besoin de rappeler ce qu’est Rolls-Royce !
Mais la légende Rolls-Royce tient avant toute chose aux qualités et à la finition irréprochables de ses modèles. Les deux tiers des véhicules produits depuis l'origine circulent encore! L'AX 201 - le numéro d'immatriculation d'une des premières Silver Ghost, conservée à l'usine - a dépassé les 800 000 kilomètres. C'est bien connu: une Rolls ne tombe pas en panne, elle «s'arrête de fonctionner»... Le résultat d'un savoir-faire unique. Au siège de la firme, à Crewe, au sud de Manchester - berceau de la sidérurgie britannique - on ignore les cadences infernales. Une fois, alors que l'on demandait à un responsable: «A quelle vitesse avance la ligne de montage?» celui-ci répondit, flegmatique: «Je pense l'avoir vu bouger la semaine dernière.»
Il faut ainsi trente jours pour fabriquer une Rolls. Résultat: y compris les Bentley, quelque 127 000 voitures seulement sont sorties des ateliers depuis 1904.
Crewe reste le temple du fait-main et chaque voiture embarque à son bord ce qui se fait de mieux sur le marché - de la marquetterie de buis au tapis en laine d'agneau... Il faut ainsi 12 peaux de vache, livrées par le célèbre tanneur londonien Connolly, pour garnir l'intérieur d'un véhicule. Toutes proviennent de Scandinavie et principalement du Danemark, là où il n'existe pas de fils de fer barbelés susceptibles d'abîmer le cuir des bêtes. De même, la ronce de noyer, utilisée pour confectionner le tableau de bord, provient de Californie. Les glaces sont polies avec une pierre ponce dont le degré de finesse ne s'emploie qu'en optique. Il faut encore une journée pour fabriquer, sans aucun instrument de mesure - juste à l'oeil - une calandre et cinq heures de polissage pour lui donner son éclat: chaque pièce - qui reproduit la façade du Parthénon, dont Royce était tombé amoureux - est unique et frappée des initiales de son artisan.
Le début de la passion indienne pour les Rolls
Cette passion pour ce que l’on surnommait à ses débuts le carrosse sans cheval, a duré des décennies. Elle a donné lieu à des créations incroyables, pour honorer des commandes spéciales. La première, passée directement par un Indien, remonte à 1901. Elle émanait de l’industriel Parsi Jamsetji Tata. Toutes les marques étaient représentées: Alfa Romeo, Bentley, Bugatti, Cadillac, Crossley et Duesenberg, Hispano-Suiza, Humbers, Lanchester, Maybach, Mercedes- Benz, Minerva, Napier, Pierce Arrows… Mais c’est la Rolls-Royce, surnommée «The best car in the world», qui a eu incontestablement la faveur des Indiens. Les maharadjahs suivaient en fait les goûts de la famille royale britannique.
Le célèbre collectionneur le Maharadjah Jai Singh
Un des collectionneurs les plus célèbres était le maharadjah Jai Singh. Il gouverna l’Etat de l’Alwar au Rajasthan de 1922 à 1933 et mourut à Paris en 1937, après avoir été exilé par les Britanniques. Il possédait une quinzaine de modèles Hispano Suiza, tous différents. Mais sa voiture favorite était le H-6B series. Hindou strict et végétarien, il ne voulait pas de cuir dans les aménagements intérieurs. Des plaques sur les deux côtés du capot indiquaient à quoi servaient les voitures, qui étaient équipées aussi de puissants phares pour pouvoir chasser de nuit. Et elles avaient même des cloches que l’on actionnait pour ne pas effrayer le bétail sur la route. On raconte qu’il achetait ses voitures par trois et qu’il enterrait les précédentes au cours d’une cérémonie.
Il ne devait pas être toujours facile de traiter avec les Maharadjahs et plusieurs histoires circulent à ce propos. Ainsi, un maharadjah, vexé de s'être vu refuser l'achat d'une Rolls-Royce, s'est rendu directement à l'usine où il commanda dix châssis. Arrivés en Inde, ils furent carrossés en bennes à ordures !
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