Ses débuts datent de 1989, âgé alors de 20 ans, mais il lui faudra attendre son sixième album studio Más, en 1997, pour enfin se faire un nom. Néanmoins, sachez qu’il ne fit alors pas les choses à moitié : Más reste l’album espagnol le plus vendu de tous les temps, et il gagna même de très nombreux prix, notamment aux Etats-Unis lors des Latin Grammy Awards. Depuis, il est devenu l’une des valeurs sures des « cantautores » (il a écrit et composé toutes les chansons, en plus d’en être le producteur) en langue espagnole, puisque ses disques se vendent comme des petits pains en Espagne, mais aussi dans toute l’Amérique latine, même au Brésil, ainsi qu’aux Etats-Unis grâce à la communauté latino extrêmement présente.
En 2003 sortit No Es Lo Mismo, l’album qui fut et est toujours pour moi son meilleur, à la fois car les chansons sont très bonnes voire énormes, mais surtout grâce à la production qui est, selon moi, parfaite (ce qui n’est pas le cas sur ses albums précédents, même sur Más qui me déçoit).
Sur No Es Lo Mismo, Alejandro Sanz chante avec son timbre de voix particulièrement rauque, et sans être un grand chanteur, il réussit à très bien imposer son flow sur des thèmes musicaux plutôt variés, rock, hip-hop, jazz, salsa ou, pour faire simple, latino (ce qui ne veut rien dire de précis finalement et contrairement à ce que pensent et disent les faiseurs d’étiquettes : qu’est-ce que de la musique espagnole ? Latino ? World ?), avec toujours une touche de pop.
Il chante donc dans sa langue natale, et l’ensemble fut enregistré avec un pied à Madrid, l’autre à Miami, le pont tendu entre les deux péninsules ayant un clair reflet dans la musique enregistrée. Ce pourraient être des détails, mais avec No Es Lo Mismo Alejandro Sanz atteignit le nombre total de treize récompenses aux Latin Grammy Awards, un record, chiffre qui allait cependant continuer par augmenter avec les disques suivants (El Tren De Los Momentos et Paraíso Express).
Musicalement, j’avoue que No Es Lo Mismo figure dans le trio de tête des albums en langue espagnole ou portugaise dans ma discothèque (réelle ou virtuelle). Pas l’un des onze morceaux n’est de trop, et l’on passe de moments particulièrement tendres voire tristes (« He sido tan feliz contigo », « Sandy a orilla do mundo », « Al olvido invito yo » ou « Lo diré bajito ») à d’autres carrément festifs (« Labana », « Regálame la silla donde te esperé »)
Le dernier morceau n’est pas une vraie chanson, plutôt une outro, dans laquelle il semble s’expliquer. À bon entendeur : « Si he cantado mal, yo lo quiero saber, dímelo, quiere decir sin el alma, o quiere decir sin la voz, o quiere decir que no sientes lo mismo que siento yo ».
Et j’adore les photos dont celle de couverture, le clin d’œil est tout simplement appréciable à sa juste valeur, de même pour le verre d’eau à moitié… Une chose est sure, No Es lo Mismo fait partie de ses albums qui, en plus de vous toucher, pourrait tourner en boucle sans lassitude. Un peu comme un verre que l’on peut remplir autant de fois qu’on le souhaite…
(in heepro.wordpress.com, le 23/05/2011)