En salles : Petite question : Robert DeNiro, vous connaissez ? Qui parmi les vingtenaires est capable de citer un film correct de l'acteur sorti ces dix dernières années ? En fait, depuis Jackie Browne (1998, quasiment 15 ans !), c'est l'encéphalogramme plat. Nous restent donc les rééditions pour mesurer l'étendue du gâchis. Exemple : cette Valse des Pantins (1983), signée Martin Scorsese, et que ressort ces jours-ci Carlotta, avec en prime une magnifique affiche d'inspiration wharolienne (voir ci-dessous). C'est le moins connu de la fructueuse association DeNiro-Scorsese. Car le plus étrange, le plus agressif. Le plus jubilatoire, aussi, le plus audacieux, également.
Tout d'abord, c'est un film de DeNiro. Dont le sujet a été apporté à Scorsese par DeNiro himself, qui souhaitait s'essayer à la comédie. D'abord passé entre les mains de Milos Forman – et effectivement, on pense sans cesse à Man on the Moon – et de Michael Cimino – allez savoir pourquoi ! - le film porte l'empreinte de DeNiro : soin apporté au look de son personnage, Rupert Pumpkin, un acteur de stand-up comédie qui n'a qu'un but : passer dans LE show télévisé du moment, animé par une vieille gloire télévisée incarnée par Jerry Lewis. Centrée sur son obsession, l'action est vue tout au long au travers de ses yeux. Et il y est fabuleux de drôlerie et de bouffonnerie. Mais aussi d'inquiétude : son regard, son allure, son look, tout laisse accroire qu'on a davantage affaire à un fêlé qu'à un vrai fan.
Un rôle méconnu dans sa carrière, qui mérite d'être réévalué. Surtout à l'aune de la variation qu'en offrira DeNiro himself dans The Fan, de Tony Scott, où il reprend 15 ans plus tard ce même rôle, dans une veine plus psychopathe et spectaculaire.Grinçant et prophétique
Enfin, même si c'est une oeuvre mineure dans la carrière de Scorsese, qu'on ne sent pas toujours très à l'aise, force est de constater que la virtuosité de la mise en scène – fabuleux travellings dans les studios de TV – le rythme du scénario et la singularité des situations – comment le couple s'incruste dans la maison de campagne de Jerry Lewis, ou bien l'épilogue – le tout sur une BO aux petits oignons signée Robbie Robertson font de cette Valse des Pantins une oeuvre à redécouvrir dare-dare. Ne serait-ce que parce qu'elle permet aisément d'oublier les 10 dernières années de la carrière de DeNiro acteur ! Allez, Bob, reviens !
Travis Bickle