Souvenez-vous : il y a quelques semaines, l’affaire Dupont de Ligonnès (un père indigne qui découpe sa famille en morceaux pour niveler sa terrasse et prend la fuite en prétextant être un agent secret américain) a donné lieu à la première enquête 2.0 de l’histoire. Grâce aux traces laissées par le couple sur différents forums de discussion, chacun pouvait jouer au détective privé et essayer de reconstituer l’histoire d’une famille à la dérive (voir l’article de Slate.fr sur le sujet).
Avec l’affaire DSK, le niveau est monté d’un cran. Les médias fournissent, minute par minute, les nouveaux éléments techniques et scientifiques de l’enquête et chacun peut échafauder ses hypothèses à propos des faits reprochés au priapique de Washington. Malheureusement, à ce petit jeu, je suis assez médiocre. Je paie là mon manque d’intérêt pour les séries policières américaines, qui développent indéniablement l’imagination en matière criminelle. Mais j’aimerai partager avec vous deux hypothèses quant à la stratégie de DSK pour se sortir de ce mauvais pas.
La première hypothèse est astucieuse : et si DSK demandait Nafissatou Diallo, sa supposée victime, en mariage ? Je suis d’ailleurs étonné que sa fidèle équipe de communicants n’ait pas envisagé la ruse, car dans la perspective du maintien de sa candidature aux élections présidentielles françaises, un mariage socialement mixte et métissé constituerait une réelle opportunité en terme d’image. C’est osé, mais en politique comme en communication, il faut savoir surprendre.
Plus raisonnablement, DSK pourrait choisir de faire diversion en portant plainte contre le laboratoire GSK (sic), qui commercialise un traitement contre la maladie de Parkinson. Car, en effet, comment ne pas faire le rapprochement entre cette affaire de mœurs qui « ne ressemble pas à DSK » (élément de langage fourni par les communicants de DSK à ses soutiens) et le retentissant combat judiciaire de Didier Jambart relaté dans Libération le 4 avril dernier ?
Devenir accro au sexe et au jeu en prenant un médicament ? C’est possible. Le tribunal de Nantes (Loire-Atlantique) a condamné hier le laboratoire GSK à verser 117 000 euros à Didier Jambart, un Nantais de 51 ans, atteint de la maladie de Parkinson. De 2003 à 2005, il a suivi un traitement au Requip, un médicament commercialisé par GSK. Les effets secondaires d’addiction au jeu ou d’hypersexualité n’étaient pas mentionnés à l’époque dans la notice, ce qui en faisait un «produit défectueux», aux yeux du tribunal. Selon les avocats du plaignant, «plusieurs centaines» de malades se sont plaints d’addictions similaires.
À l’heure où je vous écris, les avocats de DSK ont déclaré que ce dernier plaidera non coupable et sera acquitté dans les meilleurs délais. Les bookmakers anglais sont d’un tout autre avis, qui donnent DSK coupable à 86% (pour parier, c’est ici). Quant à moi, j’en reviens à la révolution évoquée dans le titre du billet et initiée par Le Figaro.fr : le remplacement des dessins au crayon par des infographies, dans lesquelles les personnages ressemblent étrangement aux Mii (les avatars de la Wii, la fameuse console développée par Nintendo). Est-ce le signe de l’entrée de l’actualité judiciaire dans le monde du divertissement généralisé ?
Enfin, pour être tout à fait complet sur cette affaire, je vous signale cette initiative virale de la Maison de la cravate : le lancement du mini-site Ties for Cops, qui vous propose de relooker les cravates des deux policiers américains qui encadrent DSK lors de sa désormais célèbre « perp walk ». Heureusement que les publicitaires sont là pour redorer l’image de la France à l’international.