Le film ouvre sur une longue série de « clichés » (en américain dans le texte of course) des rues de Paris en été, à l’aube, puis au crépuscule …Une ode à la ville–lumière (surtout sous la pluie !) que Woody aime comme je l’aime aussi. Avec la musique de Sydney Bechet – qui dit quoi aux jeunes, maintenant, au juste ? - Avec tout son talent, et ses redites aussi…
Entre « Mickey à travers les siècles », « François Ier »* et le « Piège diabolique » de Blake et Mortimer. Mais là, pas besoin de coup sur la tête, de Larousse ouvert à la rubrique des noms propres ou de capsule trafiquée par un savant fou
Une berline Peugeot des années 20 embarque notre jeune héros déjà éméché après une dégustation de vins français, à minuit tapant, vers son Âge d’Or : les années vingt. Il y rencontre Zelda et Scott Fitzgerald, Ernest Hemingway, Cole Porter, Picasso, Dali, Gertrude Stein (dont, au cas où on n’aurait pas compris de qui il s’agit, il y a le portrait célébrissime au mur), qui va lui donner des conseils d’écriture et l’encourager à être lui-même. Car Gil est revenu à Paris pour faire découvrir la ville à sa fiancée, suitée de ses parents, d’affreux Républicains tendance Tea Party, et d’un couple d’amis dont Paul, un odieux et pédant personnage.
Cette « ronde » bourrée de clins d’oeil et de références, et ponctuée d’apparitions d’acteurs qui se disputent le privilège de figurer dans un film de Woody Allen, se regarde avec plaisir, mais ne laissera sans doute pas le souvenir de son meilleur film. Adrian Brody en Salvador Dali ou Olivier Rabourdin en Gauguin sont des surprises. Gil qui donne des idées à Luis Bunuel pour son prochain film, un gag parmi d'autres. Les deux acteurs principaux sont justes, dans la pure tradition des disputes familiales et des doutes existentiels alleniens…J'ai découvert Rachel Mc Adams, en pâle copie de Scarlett Johansson et Owen Wilson (lui resssemblerait plutôt à Robert Redford) qui a exactement la voix et marche comme Woody jeune et ce n’est sans doute pas par hasard. Marion Cotillard joue…Marion Cotillard (déjà !).
Ce que j’ai le plus aimé : le gag de Gad Elmaleh, tout en retenue, qui se trompe de porte dans les couloirs du temps !
*Film culte de Christian-Jacques tourné en 1937 avec Fernandel, où le héros, Honorin, propulsé au temps de la Renaissance, prédit aux hommes célèbres leur date de décès car il a gardé dans sa poche un dictionnaire Larousse…..