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L’art de lire ou comment résister à l’adversité – Michèle Petit

Par Delphinesbooks

L’art de lire ou comment résister à l’adversité – Michèle Petit

Un essai sur ce que peut apporter la lecture à des personnes en crise (pays en guerre, crise économique…). Un hommage aux médiateurs du livre.

L’auteur

Michèle Petit est anthropologue. Spécialiste de la lecture, elle analyse le rôle de la lecture particulièrement pour des personnes éloignées de la culture. Elle a déjà écrit Eloge de la lecture. la construction de soi que j’ai déjà lu et apprécié. J’ai également eu la chance de la voir en conférence. J’avais donc très envie de lire ce nouvel ouvrage.

Le livre

Michèle Petit est partie étudier différentes expériences menées en Amérique du Sud (Colombie, Argentine). Par exemple, des clubs de lecture mis en place en Colombie pour les soldats enfants, des bibliothèques « hors les murs », des lectures orales.

Des moments pendant lesquels, on lit des romans, des contes ou de la poésie, et où on fait parler des personnes traumatisées. Des expériences qui montrent que de mettre des mots sur sa souffrance, on peut commencer à se soigner.

A travers toutes ces expériences, elle met en lumière le rôle des récits dans la reconquête intérieure de ces personnes abîmées. Au delà de la lecture, elle évoque l’écriture, la musique et plus globalement l’art thérapie. Elle insiste sur l’importance de ne pas rester cloisonné et de faire des ponts entre toutes les disciplines qui peuvent aider à reconstruire.

Elle rend hommage à toutes ces personnes qui ont mis en place des expériences originales, souvent de manière plus ou moins bénévole, mais en tout cas toujours avec une grande conviction.

Morceaux choisis

« Ce texte voudrait être aussi un hommage aux passeurs culturels des pays du Sud dont on ne parle jamais et qui se dépensent sans compter parce qu’ils sont convaincus que les ressources  culturelles, langagières, narratives, poétiques, sont vitales tout autant que l’eau. »

« Trop longtemps, on a opposé oral et écrit alors que le livre et la voix sont des compagnons et que la bibliothèque, en particulier, est un cadre « naturel » pour l’oralité : c’est le lieu de milliers de voix cachées dans des livres qui ont été écrits à partir de la voix intérieure d’un auteur. »

« La lecture solitaire, propice à l’intimité rebelle, s’oppose à la lecture collective et édifiante (…) En revanche, elle ne s’oppose pas, me semble-til, à ces petits groupes librement constitués, où l’on partage des temps de lecture et de discussion, puis où chacun se retire chez soi, emportant dans sa rêverie des bribes des pages lues, des paroles échangées. L’une comme les autres dessinent des espaces de liberté et quelque fois de résistance, contribuant au développement d’autres formes de lien social, d’espaces public, que celles où l’on se tient serrés comme un seul homme autour d’un chef, d’un clocher, d’un livre unique, ou d’un écran unique. »

Ce que j’en ai pensé

C’est bien évidemment un livre que j’ai lu avec beaucoup d’intérêt. Parce qu’il donne la parole à des personnes différentes et engagées dans des domaines que je soutiens complètement. C’est un livre qui ne fait que me convaincre davantage de mes choix actuels. C’est un livre qui donne envie de s’engager ! C’est également un livre qui va à contre-pied des messages actuels : la rentabilité de la culture.

Ici, toutes les expériences évoquées n’ont aucun objectif en terme de rentabilité et reposent exclusivement sur la volonté de ceux qui les mettent en place et de l’accueil qui leur est réservé (même si Michèle Petit insiste bien évidemment sur le fait que ces expériences sont parfois très longues à se mettre en place et pas suffisantes en elles-mêmes).

Enfin, l’auteur y évoque le fait que toutes ces expériences fonctionnent car elles font appel à des contes ou des « grands » romans, que ce n’est pas parce que les jeunes ici n’ont pas une gros bagage culturel qu’il faut les assommer avec la facilité de mauvais romans ou de livres écrits spécialement pour eux, avec leur langage, mais qu’au contraire, ce qui marche, c’est de les emmener vers « ailleurs », de leur faire prendre confiance en eux et les rendre fier en leur faisant lire de belles choses.

Un livre plus politique qu’il n’en a l’air. Qui rappelle des évidences qu’on a tendance à oublier, la liberté que confère la connaissance. Un livre qui fait écho à un autre grand observateur de la lecture Alberto Manguel «  Lire, c’est apprendre sur soi, c’est appréhender le monde. C’est prendre la liberté, le pouvoir. »



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