Raising Hope: Saison 1
Tout le monde s'accorde pour le dire, les déceptions se sont succédées en cette saison télévisuelle 2010/2011. Tant au niveau audimatique que qualitatif, peu de nouveautés ont tenu la route. Dans ce bilan désastreux, Raising Hope s'impose facilement comme une très très bonne surprise. Dernière production d'un certain Greg Garcia, déjà à l'origine de la très barrée My Name Is Earl, on y suit, pour rappel, le quotidien déjanté d'une famille d'immatures, les Chance, qui n'ont jamais réussi à quitter le nid familial et qui se voient chargés de prendre soin d'un jeune nourisson, résultat d'un drôle de concours de circonstances. Au centre la série, on retrouve Jimmy, le fils de la famille, celui par qui tout est arrivé, qui se retrouve à devoir élever en père célibataire la petite Hope, malgré son inexpérience. Si le thème de l'éducation occupe une grande partie de la série pendant les premiers épisodes, pour quelques sympathiques moments, il va progressivement s'effacer pour laisser place à plus de créativité et à un superbe portrait d'une famille de doux-dingues. Jimmy finit du coup par se faire voler la vedette par ses cinglés de parents, les excellents Virginia et Burt. Géniaux en solo comme ensemble, il faut saluer les véritables performances comiques de Martha Plimpton et Garett Dillahunt, jusque-là plus connus dans le registre dramatique. De ce fait, leurs interprétations, sont d'autant plus remarquables. A souligner aussi, l'excellente alchimie qui lie les deux acteurs et fait d'eux l'un des couples les plus attachants et solides qu'il m'ait été donné de voir.
Lucas Neff, l'interprète de Jimmy Chance ne démérite pas non en jeune père naïf, un brin idéaliste et timide. Il ne s'en sort juste pas aussi bien en solo. D'ailleurs, c'est justement quand tous les personnages sont réunis que la série est le plus drôle. L'hilarant épisode Moongooses dans lequel prend place un surréaliste huis-clot réunissant les Chance au grand complet, en est la preuve parfaite. Le lien connectant la famille y est retranscrit avec énormément de tendresse et de justesse qu'on ne peut tout bonnement pas ne pas avoir envie de rejoindre la bande pour prendre part à leur multiples délires.
A l'inverse, lors du cloisonnement de personnage, l'humour se perd un peu. Et à partir du moment où Jimmy s'est enfin trouvé un job à Howdys, l'épicerie du coin, c'est un problème qui a eu tendance à se répéter. Heureusement, les scénaristes ont su rectifier le tir en fin de saison en développant davantage l'univers loufoque de Howdys qu'on pourrait presque comparer au Buy More de Chuck avec ses employés décérébrés et son patron névrosé à l'extrême.
Dans ce refuge à cas sociaux qu'est le magasin, on y trouve quand même un personnage relativement sain d'esprit, j'ai nommé Sabrina. ça ne veut pas dire pour autant qu'elle est moins drôle, au contraire elle et ses répliques sarcastiques se sont également révélées très savoureuses. Par contre, le béguin de Jimmy à son égard bien que mignon au départ, a commencé à devenir un peu lourd à mesure qu'on se retrouvait coincé dans la Ross' Friend Zone comme le dirait si bien Virginia. L'arrivée de Jimmy à Howdys aurait été la parfaite occasion de débloquer la situation... sauf que la série ne l'a pas (encore?) saisie. Mais au moins, les personnages étant dès lors collègues de travail, ça a permis de mieux justifier leur relation et rencontres régulières. Il faudra cependant veiller par la suite à ne pas faire traîner éternellement ce petit jeu de "will they/won't they" qui personnellement finit vite par me fatiguer.
Quoiqu'il en soit, s'il y a bien une chose dont peut se targuer Raising Hope, en plus de la fantastique dynamique des Chance, c'est de s'être dotée d'une galerie de petits rôles, pas forcément réguliers mais tous plus farfelus les uns que les autres. A commencer bien évidemment par l'inénarrable Maw Maw, arrière-arrière grand-mère de Hope atteinte d'Alzheimer brillament incarnée par Cloris Leachman dont chaque apparition est plus abracadabrante et désopilante que la précédente. Moins présente mais pas moins fun, on peut aussi citer l'excellente Shelly, nounou édentée de Hope et ses sympathiques contines sans queue ni tête. En vrac, il y a aussi les guest de Jason Lee en vieil rock-star idole de Burt, Greg Germann en grand-père maternel dérangé de Hope, Mary-Lynn Rasjkub en polygame, JK Simons en papa de Burt ou Amy Sedaris en cousine vicieuse de Virgina, qu'on retiendra tous pour le petite souffle d'absurde qu'ils ont apporté à la série. Leurs apparitions ont de plus largement contribué à la construction d'une sorte de mythologie tout au long de la saison dont on peut observer l'aboutissement dans le terriblement attendrissant final-flashback Don't Vote for this Episode.
En conclusion, c'est débordante de créativité et de tendresse et libérée des chaînes du politiquement correct que Raising Hope confirme qu'elle est la grande révélation comique de cette morose saison 2010/2011. Avec un joli travail pour développer au mieux son univers et exploiter l'excellente dynamique de ses personnages, elle parvient ainsi à délivrer une belle première saison, chaleureuse et efficace. Une chose est maintenant sûre, un été sans les Chance, ça va faire un vide...