Au-delà du retentissement médiatique qu’il a engendré depuis quelques jours, le rapport publié par l’Assurance Maladie en matière de dépassement d’honoraires est particulièrement intéressant à plusieurs titres. Tout d’abord, il apparaît que malgré une légère croissance, la proportion de médecins spécialistes en secteur 2 est quasiment identique. En revanche, le niveau des dépassement subit quant à lui une augmentation continue mais surtout soutenue. Par voie de conséquence, les patients, l’Assurance Maladie et les mutuelles santé commencent à accuser le coup. Une mutuelle santé prend en charge une partie des dépassements d’honoraires car il s’agit de leur essence même. En effet à la différence de l’Assurance Maladie qui intervient à titre principal, une mutuelle santé a une vocation complémentaire. Néanmoins bénéficiant exclusivement de ressources basées sur les cotisations acquittées mensuellement par leurs adhérents, les mutuelles santé éprouvent de réelles difficultés à assumer le poids de ces continuelles augmentations. Les mutuelles santé ont d’ailleurs été contraintes d’augmenter leurs tarifs depuis le mois de Janvier 2011.
Dès lors, il convient de s’interroger sur la pérennité du système de santé Français si l’Assurance Maladie en tant que régime obligatoire ne rehausse pas ses niveaux de remboursement car ils sont de moins en moins adaptés à la réalité du marché. Il appartient désormais aux pouvoirs publics de prendre conscience l’impérieuse nécessité de procéder à une remise à plat totale et absolue du système de protection sociale sur le territoire hexagonal. A cet égard, il est très intéressant de citer un extrait dudit rapport pour comprendre le niveau de cette inflation tarifaire en matière médicale : « Par rapport au tarif opposable, le dépassement facturé moyen était de 23% en 1985, 29% en 1995, 37% en 2000, 49% en 2005 et s’élève à 54% en 2010. L’augmentation des dépassements est particulièrement marquante entre 1995 et 2005, avec un léger ralentissement observé depuis. Cependant, de manière générale, les dépassements d’honoraires progressent année après année ». Cette progression atteint aujourd’hui les limites d’acceptation des patients tant sur le plan moral que sur le plan tarifaire, si bien qu’ils renoncent parfois à bénéficier de soins dont ils ont pourtant éperdument besoins.