Le Voyeur

genre: thriller 
année: 1960
durée: 1h40

l'histoire: Mark Lewis est un solitaire. Opérateur sur un plateau de tournage, il fait aussi des extras comme photographe de charme. Dans son laboratoire, il développe et visionne ses propres films. La caméra toujours à portée de main, Mark s'emploie à une démarche beaucoup plus morbide.

la critique d'Alice In Oliver:

Attention, chef d'oeuvre ! Tel est le mot qui convient le mieux au superbe film de Michael Powell, j'ai nommé Le Voyeur, réalisé en 1960.
Difficile de parler des thématiques de ce thriller sans évoquer son scénario. Attention, SPOILERS ! Mark Lewis (Carl Bohm) est opérateur sur un plateau de tournage. C'est aussi un photographe de talent qui effectue quelques prises pour des magasines de charme, cette seconde activité lui permettant d'arrondir ses fins de mois.

Pire encore, Mark Lewis est un tueur sadique qui met en scène des crimes horribles, le film commençant par le meurtre d'une jeune prostituée.
La mort devient alors effroyable puisque filmée en direct, la victime étant condamnée à voir sa propre exécution, via une caméra et un miroir reflétant son visage pétrifié de terreur. En un sens, Le Voyeur est un film en avance sur son temps.

En effet, à travers le portrait de ce serial killer obsessionnel, le film est le reflet de notre société voyeuriste, notamment par le biais d'internet.
En vérité, Le Voyeur est un thriller complexe et déroutant, avec une véritable dimension psychanalytique.
Mark Lewis n'est pas qu'un simple tueur sanguinaire qui s'amuse à filmer et à visionner ses meurtres.

C'est avant tout un homme poursuivi par son passé et par une enfance douloureuse et traumatique. A partir de ces différents éléments, Michael Powell parvient à rendre son héros humain et attachant.
Paradoxalement, c'est ce qui rend ce thriller aussi dérangeant. Dans le Voyeur, les meurtres sont mis en scène, les effets de lumière et de pénombre ayant ici une place prépondérante.

Mark Lewis est avant tout un criminel en proie à des pulsions sexuelles incontrôlables, le plaisir trouvant sa source dans la souffrance de la victime. En même temps, Mark Lewis n'est pas fou puisqu'il est pleinement conscient de ses troubles, et a déjà prévu sa propre mort.
Il s'agit d'un personnage tourmenté, qui obéit à des codes précis, sa manière de filmer et de mettre en scène ses meurtres, renvoyant évidemment aux snuff movie actuels, et donc au cinéma gore et horrifique des années 2000.
Indéniablement, un classique du septième art !

Note: 19/20