C'est une petite surprise que la victoire de l'Union Bordeaux-Bègles face au Sporting Club Albi en finale d'accession de proD2. En l'emportant 21 à 14, l'UBB est donc parvenue à se qualifier pour le Top14.
C'était loin d'être évident. Depuis sa fondation en 2006, l'Union Bordeaux-Bègles a connu des fortunes diverses et fut même proche de l'implosion, avant de prendre une nouvelle impulsion sous l'influence de son président Laurent Marti. La saison 2010-2011 semblait partie sur d'excellentes bases mais l'équipe accusait des coups de "moins bien" laissant penser que la montée serait sans doute pour une prochaine fois. D'autant que Grenoble faisait figure de favori derrière les Lyonnais.
Des quatre demi-finalistes, l'UBB présentait le moins bon bilan. Cinquième de la saison régulière, les Bordelo-Béglais (ou Béglo-Bordelais, selon qu'on se place d'un côté ou de l'autre de la Barrière de Bègles...) n'avaient pas la meilleure des cotes. La victoire en demie sur le terrain de Grenoble a démontré aux observateurs et peut-être aux joueurs eux-mêmes qu'une montée en Top14 était à la portée de ce groupe. Un groupe comprenant de nombreux joueurs étrangers, ce qui ne l'empêche pas d'afficher une belle cohésion.
La finale face à Albi fut indécise. Et si Albi vira en tête à la pause, la volonté de l'UBB de remettre la main sur le ballon, de jouer patiemment dans l'axe avant d'exploiter la vitesse de ses trois-quarts eut raison des ardeurs Albigeoises au retour des vestiaires. Deux essais en cette deuxième mi-temps ont donné dix points d'avance aux joueurs de l'Union à quinze minutes du terme. Malgré un sursaut d'orgueil d'Albi, l'UBB a résisté pour préserver une avance finale de sept points.
Ainsi, donc, l'Union Bordeaux-Bègles jouera la saison prochaine en Top14. Après l'accession de Lyon, c'est une autre grande ville qui rejoint le cercle des clubs de l'élite. Cette situation est sans doute le fruit d'une évolution engagée depuis plusieurs années, en fait depuis la mise en place du professionnalisme. Les équipes des villes dites "moyennes" ont de plus en plus de mal à rivaliser avec les grosses écuries installées dans des agglomérations importantes.
On imagine que la LNR ne doit pas être mécontente de voir Lyon et Bordeaux (et Bègles) rejoindre le Top14. Il n'est cependant pas certain que les moyens financiers suivent autant que le souhaiteraient les dirigeants de l'ovalie. Car dans ces deux agglomérations, le football jouit d'une primauté qui draine vers lui les capitaux et les investisseurs. La saison prochaine, le LOU et l'UBB auront vraisemblablement des budgets parmi les moins importants du championnat. Mais s'ils parviennent à se maintenir, les deux clubs pourront sans doute impulser une dynamique intéressante sur le plan des moyens.
En attendant, les nostagiques, qui se souviennent qu'il y a tout juste 20 ans le CA Bègles-Bordeaux Gironde remportait le bouclier de Brennus, se réjouiront de la perspective de voir le maillot à damiers (et parements bordeaux) de retour au plus haut niveau.